Critique Ciné : Miss (2020)

Miss // De Ruben Alves. Avec Alexandre Wetter, Pascale Arbillot et Isabelle Nanty.

Miss c’est un beau film dans le sens où enfin le cinéma met un coup de pied dans cette fourmilière qu’est Miss France. Ruben Alves (La Cage Dorée) parvient à délivrer de belles émotions quitte parfois à en abuser et c’est justement ce qui m’a le plus déçu. Si le pathos était nécessaire dans une telle aventure, on sent parfois que Miss en rajoute une louche afin d’appuyer sur ces bons sentiments constants. De ce fait, le film se laisse piéger par certains clichés qui ternissent cette brillante idée de départ. Bien entendu, si comme moi vous vous laissez plonger dans ce récit, on oublie les ratés derrière le maquillage que Miss propose car il y a de grands moments forts. Certains face à face entre Alex et d’autres personnages font tout le succès de Miss et surtout donne envie de voir rayonner un peu plus la question du genre où l’on n’a pas besoin d’être il ou elle, mais simplement celle ou celui que l’on est au fond de nous. Miss c’est un beau message de tolérance parfois mal enrobé. Ce qui fait tout le succès de Miss c’est clairement Alexandre Wetter. Ce dernier porte un hymne à la différence qui ne peut pas laisser indifférence et qui a de quoi faire réfléchir tous ceux qui voudraient s’en indigner.

Alex, petit garçon gracieux de 9 ans qui navigue joyeusement entre les genres, a un rêve : être un jour élu Miss France. 15 ans plus tard, Alex a perdu ses parents et sa confiance en lui et stagne dans une vie monotone. Une rencontre imprévue va réveiller ce rêve oublié. Alex décide alors de concourir à Miss France en cachant son identité de garçon. Beauté, excellence, camaraderie… Au gré des étapes d’un concours sans merci, aidé par une famille de cœur haute en couleurs, Alex va partir à la conquête du titre, de sa féminité et surtout, de lui-même…

Miss est maladroit aussi. Notamment dans certains de ses messages clairement là pour égratigner le concours en lui-même et sa façon de voir la femme : le discours d’Alex pour le concours de Miss Ile de France sur les hommes goujats abuse d’un phrasé trop prévisible mais lance le ton du film. Ou encore tout ce message écologique alors que les Miss ne partent pas dans les îles mais vont nettoyer les plages et visiter le terroir français. Là aussi Miss abuse de l’imagerie en enchainant à outrance les séquences. Je ne suis pas sûr que Miss avait besoin de tout ça. Car ce qui fonctionne le mieux dans ce film c’est Alex et sa relation avec les autres. Ruben Alves ne fait rien d’exceptionnel dans la mise en scène mais reproduit à sa façon sans fioritures par rapport au scénario toute cette histoire. En somme, Miss a de quoi séduire (et il n’a malheureusement pas eu le succès qu’il méritait à cause de la fermeture des salles avec la COVID-19) grâce à de beaux moments et de l’émotion qui même si elle est parfois trop présente est parfaitement maîtrisée.

Note : 6/10. En bref, un joli pied de nez à Miss France cette institution ringarde sur sa vision du genre.

Sorti le 20 octobre 2020. Disponible en VOD