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Libre-échange versus protectionnisme, une conférence d'Emmanuel Combe, organisée par l'Institut Libéral

Publié le 19 février 2021 par Francisrichard @francisrichard
Libre-échange versus protectionnisme, une conférence d'Emmanuel Combe, organisée par l'Institut Libéral

Hier soir, Emmanuel Combe, professeur d'économie depuis 2017 à la Skema Business School (France), était l'invité en ligne de l'Institut libéral et a fait une conférence sur le thème: Libre-échange versus protectionnisme.

Plutôt que de parler du libre-échange, il a orienté sa conférence sur le protectionnisme. C'est volontaire, comme il l'a dit lui-même, parce qu'en France le mot libre-échange est inaudible tandis que celui de protectionnisme ne l'est pas.

À plusieurs reprises, d'ailleurs, il s'est présenté comme un pragmatique. Aussi est-ce à une critique nuancée du protectionnisme qu'il s'est livré hier soir, et l'a-t-il évalué à l'aune de sa spécialité, la politique de la concurrence.

Il s'est plus particulièrement appuyé sur des exemples de  protectionnisme qui ont été opérés par les 44e et 45e présidents américains, Obama et Trump, pour montrer que les gains attendus du protectionnisme sont surévalués.

LE PROTECTIONNISME EST UN MAUVAIS CALCUL

Le protectionnisme est un mauvais calcul. Aux États-Unis, mais c'est le cas partout, il se traduit en fait par des augmentations des produits importés et, en conséquence, par une baisse du pouvoir d'achat des consommateurs.

Les consommateurs n'en sont pas les seules victimes. Les producteurs domestiques peuvent être handicapés par la hausse de produits importés entrant dans la composition de leurs produits quand ils y représentent une part importante.

Le coût par emploi sauvé par le protectionnisme peut également être évalué. Le conférencier cite l'exemple de la hausse des droits sur les pneumatiques chinois. Une étude américaine a montré qu'elle a coûté finalement très cher.

Les consommateurs ont dû débourser 1,1 milliard de dollars de plus par an pour acheter leurs pneumatiques et 1200 emplois ont été sauvés dans l'industrie du caoutchouc, soit un coût de quelque 900 000 dollars par emploi sauvé...

LE PROTECTIONNISME NE MARCHE PAS

Pourquoi? Parce que les entreprises savent s'adapter. Les panneaux solaires chinois, par exemple, ont été taxés. Qu'à cela ne tienne, ils sont passés par la Malaisie ou le Vietnam. C'est ce qu'on appelle un contournement indirect.

Quand les motos japonaises ont été taxées, Honda et Kawasaki se sont implantées sur le sol américain. Leurs usines tournevis - contournement direct - ont concurrencé davantage Harley-Davidson que quand celle-ci n'était pas protégée.

De même, quand les petites voitures japonaises ont été empêchées d'entrer sur le marché américain, les fabricants ont contre-attaqué en montant en gamme et ont dès lors concurrencé les voitures américaines de plus grande cylindrée.

LE PROTECTIONNISME CHIRURGICAL

Emmanuel Combe estime que le protectionnisme peut se justifier dans au moins deux cas de concurrence déloyale, c'est-à-dire quand une entreprise étrangère fait du dumping ou quand elle bénéficie de subventions de la part de son État.

Il a évoqué un autre cas, celui de la protection d'une industrie naissante. Mais cela ne marche qu'à la condition que le marché intérieur soit ouvert à la concurrence ou qu'il ne soit fermé que pendant un temps limité aux entreprises extérieures.

De même, s'il est difficile d'être hostile aux investisseurs étrangers, au risque de représailles ou d'effet boomerang, il est favorable au contrôle d'entreprises faux-nez d'un État étranger ou d'industries qui produisent du matériel militaire.

CONCLUSION

Emmanuel Combe a donc bien parlé davantage des méfaits du protectionnisme que des vertus du libre-échange (c'est dommage). Il a rappelé que le commerce crée un gain global et que, s'il y a dépendance, elle est mutuelle. Quant à la souveraineté:

Être souverain dans la chaîne de valeurs, c'est occuper un chaînon manquant.

Francis Richard


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