Fort d'une acquisition et d'un investissement dans le secteur financier au cours de l'année écoulée, l'éditeur norvégien Opera lance maintenant Dify, une solution de paiement intégrée à son navigateur web éponyme. Une initiative logique, bien qu'extrêmement ambitieuse, dans un univers où le principe de plate-forme s'impose progressivement.
Dans un premier temps, ce n'est qu'une expérimentation, réservée à ses utilisateurs espagnols, en attendant l'extension à ses 50 millions d'adeptes européens. Elle leur propose de créer gratuitement un compte de monnaie électronique, piloté via une (incontournable) application mobile et auquel est associée une carte Mastercard virtuelle permettant de régler les achats en ligne ou – pour les propriétaires d'un téléphone équipé d'Android – de proximité, moyennant son enregistrement dans Google Pay.
Rien que de très classique (et de très basique) jusque-là. La véritable originalité de l'offre réside donc dans son immersion au cœur de l'expérience de shopping sur la toile. Son principal atout est de simplifier et de sécuriser l'acte de paiement sur les sites partenaires, vraisemblablement en évitant à l'internaute les étapes habituelles de recherche et de saisie des coordonnées de sa carte. Elle inclut également un système de « cashback », probablement destiné à séduire sa cible dans une démarche de conquête initiale.
En parallèle, le navigateur Opera s'enrichit d'un nouveau mode de « shopping intelligent », dont la vocation est de renforcer la protection des informations confidentielles manipulées lors de la validation d'une commande. Pour ce faire, un certain nombre de paramètres spécifiques sont appliqués à l'ouverture des pages concernées, tels que la désactivation automatique de toutes les extensions installées, celles-ci représentant une menace d'infiltration de composants logiciels malveillants.
Naturellement, la vision de Dify se projette bien au-delà de cette ébauche. Est évoqué, notamment, l'ajout ultérieur d'une gamme complète de produits, touchant à l'épargne, l'investissement, le crédit… Il est déjà facile d'imaginer comment ce dernier domaine peut se marier avec la cible initiale du e-commerce : sur la page de règlement de ses emplettes, le consommateur aura la possibilité de solliciter un prêt d'un clic, la connexion avec sa « banque » étant automatiquement prise en charge par le navigateur.
Alors que la planète entière s'est entichée des modèles développés par les géants chinois, WeChat en tête, et cherche inlassablement à reproduire le succès de leur approche intégrée sur toutes sortes de supports, WhatsApp étant un des plus fréquemment envisagés (par mimétisme), il n'est pas inutile de se souvenir que, dans le contexte de la démocratisation ancienne de l'internet en Europe (et dans d'autres régions), le meilleur candidat pour une plate-forme de référence reste le navigateur web. Et une brique essentielle à la poursuite de cet objectif est celle des services financiers…