By Jean-Paul Legrand
La recherche d'une voie autre que le communisme soviétique a emmené plusieurs partis communistes d'Europe non pas à construire une politique originale de prise en compte des réalités capitalistes avec une stratégie adaptée à la situation de leur nation et de l'Europe mais plutôt à adopter des lignes réformistes essentiellement électoralistes.
Assimilant de façon non critique l'expérience de l'Union soviétique au marxisme-léninisme en général, et estimant que l'échec de l'URSS avait uniquement des causes internes, ces partis ont rejeté toute référence à la théorie du matérialisme historique comme outil d'analyse et se sont privés ainsi d'une compréhension des évolutions du capitalisme dans sa crise impérialiste.
Dans le même mouvement ils ont abandonné l'organisation du parti en cellules et la coordination nécessaire de celles-ci entre elles et avec une direction centrale, ils ont progressivement dévitalisé l'organisation de son lien permanent avec les couches populaires et la classe ouvrière.
Or le marxisme-léninisme pris dans sa substance de théorie favorisant la praxis est un outil que les communistes chinois utilisent comme les communistes cubains dans l'édification de sociétés socialistes ayant chacune leur originalité. Il permet jusqu'à ce jour d'importants progrès, une analyse la plus réaliste de l'état du monde et donc une vision pragmatique pour l'action politique face à l'impérialisme afin d'élaborer des stratégies pour le socialisme.
Les membres du PCF attachés à une histoire fortement progressiste que leur parti a joué pour la nation sont à la croisée des chemins. Ils ont vécu ces 40 dernières années une perte d'influence essentiellement due à une stratégie erronée avec un eurocommunisme sans fondement théorique sérieux et qui a capoté puis une "mutation" portée par le courant "Huiste" toujours fortement représenté dans la direction de l'appareil conduisant le parti vers une pratique très proche du réformisme populiste de la France insoumise et du trotskysme.
Contrairement à ce que certains voudraient laisser croire, il ne s'agit pas de revenir à l'idée que le PCF devrait réintroduire dans sa ligne d'anciennes thèses soviétiques en les assimilant à la théorie marxiste-léniniste hors du temps et de l'espace comme le fait la bourgeoisie. Il s'agit d'agir pour une réappropriation théorique afin de faire vivre , à la lumière de la théorie , une pratique politique novatrice utile aux travailleurs, à la classe ouvrière et aux couches populaires tout comme à l'ensemble des couches salariées qui représentent désormais l'ensemble des exploités en France, et ce en faisant une analyse très précise de l'évolution du capitalisme en France et dans le monde.
C'est l'un des enjeux du prochain congrès du PCF qui si il n'est pas porté par de nombreux adhérents conduira le parti à de nouvelles déconvenues et à terme à sa disparition comme potentiel parti révolutionnaire au moment où le socialisme n'a jamais été aussi objectivement à l'ordre du jour.
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