Les 150 membres de la convention citoyenne pour le climat ont noté le gouvernement après qu’il a proposé au Parlement un projet de loi reprenant (ou pas) les propositions des participants. Les notes se situent toutes en dessous de la moyenne. Et de loin. Je ne suis pas surpris par le résultat. Mettons-nous à la place des 150 personnes, toutes volontaires et toutes tirées au sort ( ?) qui ont potassé pendant 18 mois sur les questions climatiques et sur les propositions destinées à limiter l’effet de serre et le réchauffement en cours. Elles ont toutes cru que les attentes du président de la République et des gouvernants pourraient être satisfaites et, surtout, elles ont cru que leurs propositions seraient mises en loi au Parlement. Même imparfaitement.
Ah, sacrée démocratie participative. J’ai eu dans des temps anciens l’avantage de participer à l’aventure du Comité d’Action de Gauche qui se faisait fort d’associer les citoyens aux décisions qui les concernent. J’y ai participé avec sincérité, disponibilité et bénévolat. J’ai constaté que les vœux de la population se heurtaient aux réalités juridiques, administratives et financières quand bien même le politique voulait les concrétiser. Les règles du jeu étaient pourtant claires : les commissions ouvertes à tous et toutes proposent et les élus disposent. Et c’est là que le bât blesse. Car les citoyens, si vous leur donnez du pouvoir, ils veulent l’exercer. Ils veulent du concret. Ils attendent des élus un décalque des propositions venues de la base comme on dit en langage militant. Et l’attente ne peut être que déçue. Les élu(e)s, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, font des choix répondant aux programmes approuvés par les citoyens et adoptent des textes conformes à leur politique puisque c’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont là où ils ou elles sont.
Idem avec la convention citoyenne pour le climat. Les participant(e)s ont joué le jeu. Des hommes et des femmes de tous les milieux sociaux ont phosphoré et échangé dans des conditions exceptionnelles s’agissant de leur liberté de pensée et de l’originalité de leurs réflexions. Mais le dur mur de la réalité politique les a rattrapés et le résultat ne pouvait être que décevant. Barbara Pompili, la ministre chargé de l’environnement, est la première à reconnaître la qualité du travail fourni. Elkle a déclaré que si la loi climat en préparation ne reprend pas l’intégralité des conclusions de la convention, elles seront pour partie glissées ici et là. Mme Pompili est tout de même celle qui a dû manger son chapeau et accepter que les néonicotinoïdes sortent de l’interdiction où on les croyait cantonnés. C’est un bien mauvais signal envoyé aux abeilles et aux protecteurs de la nature. Faut-il pour autant abandonner la pratique démocratique directe ? Faut-il pour autant ignorer la confiance que placent en elle les citoyens les plus engagés ? Sans doute pas. Au final la convention citoyenne pour le climat méritait mieux que sa transformation en comité Théodule. Cela risque bien de refroidir les ardeurs futures.