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Cameroun : Quand l’aplaventrisme s’érige en mode de gouvernance

Publié le 04 mars 2021 par Tonton @supprimez

La sortie du gouverneur de la région du Sud vient confirmer que la jeunesse-camerounaise est victime de la stratégie de maintien au pouvoir d’un homme guidé par la recherche de son seul profit, avec la complicité de quelques zélés qui, soucieux de protéger leurs intérêts, font son jeu.

L’espoir nommé Paul Biya déjà en déclin ? L’administrateur civil considéré comme « accroche-cœurs » du Prince d’Etoudi, met à mort le programme d’évaluation de formation des apprenants du secondaire reconnu par le Minesec et validés par les partenaires comme l’Unesco et l’Unicef. Un geste qui vient ridiculiser et humilier Nalova Lyonga Egbe. Le favori signe sans pouvoir,le1er mars 2021 une note No 163 L/L/Sg/Dpoa ayant pour objet : Evaluation des connaissances des élèves sur le discours du chef de l’Etat à la jeunesse. Le courrier accuse la réception du délégué régional des Enseignements secondaire du Sud (pédagogue). « Il m’a été donné de constater le désintéressement des jeunes relativement au discours du chef de l’Etat le 10 février 2021. Aussi, j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir prescrire aux chefs des établissements secondaires, l’évaluation des élèves sur le contenu du message qui leur a été adressé à cette occasion », ordonne l’administrateur civil principal hors échelle Une réalité agissante sur l’ensemble de la jeunesse qui, sur les gradins observent le mode de gouvernance tournée vers la gloire, le règne, la majesté, la force et la puissance.Entre démobilisation fuites et résistance, les jeunes s’indignent contre le tribalisme : « On va faire comment ». Cette expression est devenue courante dans la vie quotidienne au Cameroun : elle exprime le défaitisme. Depuis l’échec des « années de braise », au cours desquelles beaucoup d’entre eux ont fait de grands sacrifices dans l’espoir de faire changer la gouvernance du pays, les Camerounais se sont résignés : ils ont renoncé à attendre une hypothétique justice, à compter sur un improbable soutien de l’Etat. Ils se sont résolus à subir et/ou à appliquer la normalité immorale du pouvoir. Mais le pouvoir étant immunisé durcit le ton. « Le Cameroun est un pays dur ! C’est une réalité implacable. C’est un endroit où règnent l’agressivité psychologique naturelle et une méchanceté gratuite ambiante ! », Soutien le Pr. Mathias Eric Owona Nguini.

Une jeunesse rebelle à l’ineptie et à l’impéritie

S’il ya un trait qui relie le défunt de l’actuel pouvoir, la caractéristique est la même : une gestion autoritaire et brutale, qui a durablement marqué l’ensemble des Camerounais. Le journaliste Shanda Tomne l’a dénoncé : « Il est évident que le système Biya ne peut pas se défaire du tribalisme qui le nourrit, qui sert ses intérêts et lui permet de diviser le peuple pour mieux le tenir aux ordres. C’est pitoyablement tomber dans le piège de ce système en agitant de relents d’exclusion et de haine d’une ethnie par une autre ethnie. Car il n y’a pas une ethnie contre le peuple, pas même contre les Bamiléké, mais un système dont nous devons nous défaire en ce troisième millénaire : le système Biya ».

Le football, l’émigration, la ferveur religieuse, auxquels on peut ajouter des évènements comme celui de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, interprétée d’une manière toute particulière au Cameroun, ne suffisent cependant pas à évacuer toute l’exaspération des Camerounais vis-à-vis de leurs gouvernants. La frustration générale se retrouve exprimée dans des rapports entre citoyens, que ce soit sur la route, entre vendeurs et clients, voisins. Des altercations verbales et physiques sont visibles mais plus grave cette justice sociale, devenue courante. « Le Cameroun a régressé dans tous les domaines. C’est le seul pays où le niveau de vie a chuté de manière spectaculaire sans que le régime ne tire de conséquences politiques. Il ya trente ans, les migrants camerounais étaient étudiants, aujourd’hui ils sont « feymens » à Paris. Entre les deux, il existe une extraordinaire énergie commune et le signe d’un gâchis monumental »,a souligné le politologue Fred Eboko.

Axel ABANDA


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