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Le virus ennemi

Publié le 05 mars 2021 par Eric Acouphene

Depuis Pasteur (1822-1895), la médecine considère les bactéries et les virus comme des ennemis. Pourquoi cette approche, extrêmement réductrice, a-t-elle pris le dessus ? Elle est omniprésente dans les discours médicaux, dans l’enseignement et finalement dans l’esprit du public.
Pourtant d’autres contemporains de Pasteur ont développé des vues différentes comme Antoine Béchamp (1816-1908), Claude Bernard ou René Quinton.
Le point de vue de Pasteur a pris le dessus car il correspond au fonctionnement intérieur de la personnalité. C’est le commencement de cette autre connaissance (Freud 1856-1939). Nous sommes au début de l’ère industrielle, la colonisation bat son plein. C’est le triomphe de l’ego qui s’annonce. Or celui-ci a besoin d’un ennemi. Il fonctionne « contre ». Il ne connaît que la dualité bourreau/victime ou bon/méchant, bien/mal.
Pasteur a trouvé l’ennemi dans le domaine de la santé en commençant par le virus de la rage. C’est lui le coupable. Les bactéries ont suivi. Sus aux bactéries pathogènes grâce aux antibiotiques (du grec anti : « contre », et bios : « la vie »). La médecine adopte un vocabulaire guerrier. Les vaccins nous protègent de ces ennemis irréductibles.
Puis on a découvert qu’il y avait de « bonnes » bactéries et des bactéries pathogènes. La science a découvert par ailleurs que les bactéries sont les briques de la vie. Elles ont été les seuls organismes vivants pendant 1,7 milliards d’années. Les virus semblent presque aussi anciens. Ils jouent le rôle d’informateurs entre le milieu extérieur et le milieu intérieur cellulaire, permettant l’adaptation du vivant. Ainsi le règne végétal s’adapte, les espèces animales s’adaptent… et l’humain s’adapte.En très peu de temps – un siècle – par rapport à l’évolution sur des millions d’années, la planète a été bouleversée par le développement économique effréné. L’homme a bousculé la relative stabilité végétale et animale. Il n’est pas étonnant que les virus se manifestent. Ils poursuivent leur activité, compliquée par notre précipitation, car nous sommes devenus, depuis peu, capables de modifier les génomes de toutes les formes du vivant.
Et si nous prenions conscience de notre responsabilité dans ce dérèglement, et cessions d’être en guerre contre la nature ? Alors une autre médecine deviendrait possible. Nous en connaissons les prémices dans les médecines traditionnelles respectueuses du vivant. Mais elle reste encore à créer.


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