Charlie Hebdo vient de trouver un excellent prétexte pour taper sur les antifas. Je ne suis pas très étonné, quand on sait comme moi le positionnement acquis d’emblée aux thèses républicanistes (cf.L’influence du Printemps Républicain s’y fait clairement sentir à bien des égards) de ce journal, qui aurait dû plus probablement se cantonner au genre qui a fait sa renommée, à savoir la la satyre et la parodie. Car pour l’analyse politique et la déontologie journalistique, on repassera. je n’ai nul doute en outre sur le fait que ces gens là, dès qu’ils voient les mots féminisme intersectionnel ou décolonialisme, tout comme Vidal et sa clique si peu regardante sur les concepts, les droits humains, et les discriminations réelles plutôt que fantasmées, brandissent de nouveau le spectre de la chasse aux sorcières du maccarthysme le plus caricatural, comme ils l’ont déjà démontré récemment.
sourceMais venons on plus directement à l’affaire qui agite le Landerneau militant, à propos de laquelle certains voudraient voir s’opposer militants sur internet et militants réels, de terrain, là où je préfère quant à moi m’atteler à faire en sorte qu’ils soient bien davantage complémentaires, et se nourrissent l’un de l’autre et vice versa. Sans parler de réconcilier des antifas historiques et plus ancrés dans une certaine culture viriliste et l’image qui vaut ce qu’elle vaut (ni plus, ni moins) des combats de rue, avec d’autres provenant de l’horizon des luttes intersectionnelles, que je respecte tout autant, et qui ont les mêmes ennemis, il est utile de le rappeler en termes de priorités et d’urgences : l’extrême droite, les fascistes, et ceux qui veulent faire régresser les droits sociaux dans ce pays, à droite comme dans une certaine gauche tristement acquise aux causes identitaires.
Mais qu’en est-il exactement de l’histoire et des faits qui nous occupent ici à présent ? La pauvre petite Marguerite s’est pris un œuf dans la tronche, la belle affaire. Comme son orgueil a du en prendre un coup… Quand j’ai senti venir à moi le reflux de cette tempête dans un verre d’eau, elle aurait reçu un pavé dans la gueule et serait dans le coma qu’on n’en aurait pas parlé davantage. Quel crime de lèse majesté que voilà ! Mais notre société sur-médiatisée a bien du mal avec la notion de relativisation, surtout compte tenu de l’esprit qui sévit actuellement sur les réseaux sociaux, peu propices aux nuances… Démonstration :
Cependant, par delà les querelles et les polémiques, et ce qu’en disent des journaux aussi mal intentionnés que Charlie Hebdo, il convient de considérer qui a été visé, et pourquoi. Margueriste Stern est une activiste féministe radicale, ancienne Femen, à l’origine des collages féministes, une initiative qui a bien sûr emporté ma sympathie et et mon soutien, et de bien d’autres, et c’est tant mieux. je suis ravi qu’il ait pu essaimer un peu partout en France. Cependant, Stern s’en est ensuite détachée car elle estime que les femmes trans les aurait noyautés et détournés de leur vocation initiale.
sourceEt quand on creuse un peu, on peut très vite comprendre pourquoi, même quand on est pas soi même un.e concerné.e : elle dénie aux femmes trans le droit de se considérer comme femmes, les assignant à leur sexe originel, dans lesquels ces femmes se sentent pourtant enfermées, et ont envie de s’échapper, à juste titre, ce qui entraîne bien des souffrances mentales en elles. Mais de cela, Stern n’a cure. Elle maintient, persiste et signe.
sourcesourcePire encore, par delà la grande histoire, il y a la petite, celle des coulisses, dans lesquelles cette personne, en des termes si grossiers qu’ils en l’honorent vraiment pas, ne répugne pas à renvoyer de la plus grossière et triviale façon qui soit une femme trans qui la contrarie à sa « .. bite et son couteau« , comme je peux bien sûr le prouver factuellement. Pathétique, comme défense, vraiment. Du plus sordide qui soit. Répondre à un désaccord politique par une attaque sous la ceinture n’est pas digne, et n’a jamais distingué personne. Aussi, en mon âme et conscience, l’accusation de transphobie est clairement fondée.
Mais en vient ensuite une autre tout aussi importante à mes yeux, compte-tenu de la vocation de ce blog. Vous allez tout de suite comprendre laquelle et pourquoi je me devais de la brocarder ici :
sourceAlors, quand je vois qu’un groupe de jeunes queers qui se revendiquent antifas, sous la bannière ci-dessous, viennent heurter de la façon qu’ielles ont choisi le politiquement correct et l’un peu trop convenu, pour se confronter à l’aide d’œufs (quel symbole…) à cette personne qui ne répugne pas, démonstration à l’appui, à l’alliage de la transphobie et de la compagnie des nazis qui confirment ces biais cognitifs et l’apparente nécessité organique de sa transphobie, moi, je ne vais pas plus loin : ça me va. Soutien et force à elleux.
Par ailleurs, je tiens à préciser que contrairement à ce qui a été dit ici et là, et notamment dans l’amalgame grossier sans le moindre travail de compréhension, de recherche et d’investigation (il m’a fallu perso 3 tweets pour rétablir la réalité) entretenu avec tant de malveillance par Charlie Hebdo, le groupe de féministes voilées dont il est question était distinct des autres et s’est rapidement éclipsé. De plus, ce n’est pas l’ AFA Paris Banlieue qui est à l’origine de cette confrontation mais bien des jeunes de ce collectif queer antifa Paris, dont je soutiens l’action pour ce que j’en connais. On ne va quand même pas empêcher des concerné.e.s de se rebeller à leur façon (dont on ne peut pas dire en outre qu’elle ait mis qui que ce soit en danger), contre les oppressions qu’ielles subissent, quand même ! Quel toupet !
NB : je tiens à préciser que j’ai volontairement mis de côté la dimension des soi-disant « Pro prostitution » (il me semble qu’il s’agit là d’une caricature, le débat et les arguments sont certainement plus nuancés) et ceux qui sont qualifiés d abolitionnistes, pour la bonne et simple raison que je n’ai pas de position éclairée sur le sujet pour l’instant, et ne me sent en outre pas obligé d’avoir un avis sur tout. D’autres s’en chargent pour moi… Et j’avance au rythme qui est le mien, on peut respecter cela, il me semble. Paix dans les chaumières, make love not war, toussa toussa. 😉