Comme beaucoup d'autres, ailleurs dans le monde, une partie des consommateurs britanniques ont accumulé un surplus d'épargne au fil des péripéties de l'année écoulée et s'intéressent aux moyens de le faire fructifier. Voilà une excellente opportunité pour les banques de développer leurs efforts de sensibilisation à l'investissement.
Le constat de départ n'a rien d'original ni de nouveau : une majorité de la population est intimidée par l'idée de placer ses économies sur des instruments mal connus, réputés complexes, perçus comme risqués… Pourtant, l'accumulation de liquidités occasionnée par les confinements et autres restrictions de mouvement engendre une recrudescence de la demande d'information, illustrée, par exemple, à travers cette enquête révélant que 28% des personnes interrogées aimeraient renforcer leurs connaissances financières.
Forte de cette observation, Santander veut logiquement apporter sa contribution, en espérant, au passage, convaincre ses clients de profiter de ses solutions. Qu'a-t-elle donc imaginé et déployé afin de répondre à ces désirs d'éducation et d'explications ? Un simple calculateur de rendement (théorique) comparé entre épargne à taux fixe et investissement… Indiquez votre dépôt initial et vos versements mensuels, une durée de conservation et vous obtenez un aperçu de votre capital potentiel à l'échéance…
Oh, bien sûr, l'outil est tellement trivial qu'il est extrêmement facile à appréhender. Malheureusement il laisse entièrement ouvertes toutes les questions que se pose un néophyte. Les multiples réserves, notamment sur la probabilité de perte dans un cas et la sécurité des fonds dans l'autre, doublées d'alertes insistantes sur le caractère purement illustratif des projections affichées, le recours à un vocabulaire relativement sophistiqué… ne feront rien, au contraire, pour soulager les inquiétudes et les hésitations existantes.
Plus fondamentalement, la mise en avant forcenée de l'espoir de gains ne devrait en aucun cas être la priorité. Sans même s'attarder sur l'impression donnée de s'aligner ici sur les méthodes des charlatans (tous ces escrocs qui promettent des retours mirobolants), une démarche pédagogique raisonnée et pertinente devrait d'abord concentrer ses efforts sur les blocages les plus fréquents. Parmi ceux-ci, la notion de risque et comment le « gérer » constituent vraisemblablement les clés de l'adhésion.
Si encore ce simulateur pitoyable se contentait d'une introduction discrète au sein d'une panoplie marketing qui comporte bien d'autres gadgets sans grande importance, il n'y aurait certainement pas matière à consacrer deux lignes à son sujet. En revanche, quand la banque se vante sans vergogne de son innovation « inédite », via communiqué de presse et partage sur les réseaux sociaux, il vaut bien de s'indigner. Car l'ensemble révèle alors au grand jour soit un mépris incommensurable, soit une incompréhension totale des besoins profonds de sa clientèle de la part de Santander. Voilà qui est très grave.