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L’Amour de Monsieur Martin (suite et fin)

Publié le 25 juillet 2008 par M.

Ses lèvres sont douces et sa peau est soyeuse, claire comme la lumière du matin. Il l’a aimée pendant des heures, et maintenant il pense à elle, sur le chemin du retour. L’idée qu’il lui faudra attendre le mardi suivant pour la serrer de nouveau dans ses bras le blesse, mais alors le souvenir de son visage lui revient, il sait qu’il attendra, une éternité s’il le faut.


Le matin suivant, il a rendez-vous avec la femme du téléphone. Il l’attend au café, comme d’habitude. Il est assis à une table face à la fenêtre, dos au comptoir. C’est de là que vient la voix. Comme la mer, exactement. Elle demande un café, et l’heure aussi. Puis elle téléphone, laisse un message sur un répondeur : C’est moi, je suis bien arrivée, y’avait un monde fou sur la route mais ça va. Je te rappelle après mon rendez-vous, j’espère que tu répondras. Je t’embrasse.


Elle a les cheveux bruns et légèrement bouclés. Elle porte un jean et des chaussures à hauts talons, une veste rouge au col montant. Elle est debout, au bar.

Monsieur Martin regarde sa montre, il a encore dix bonnes minutes d’avance. Il hésite. Elle s’en va.

Par la fenêtre, il la regarde s’éloigner. Il n’a toujours pas vu son visage, mais il est sûr qu’il pourrait reconnaître son dos entre mille.




La cloche du collège retentit. Monsieur Martin rejoint sa voiture et s’en va au café. Il n’a pas rendez-vous, mais il aimerait : depuis ce jour, il ne cesse de penser à l’inconnue du comptoir. Celle à la voix de mer.


Il entre et elle est là. Debout, au bar, comme la dernière fois. Il a reconnu son dos, il étais sûr qu’il le pourrait. Cette fois, il n’hésite pas : il s’approche, se place tout près d’elle et commande un café. Elle le regarde, enfin il découvre son visage. Immédiatement, il l’aime. Il lui sourit, elle lui répond alors il lui dit bonjour. Elle lui répond encore, alors il se propose de lui offrir un autre café. Elle le remercie poliment mais dit qu’elle est pressée. Elle lui sourit de nouveau avant de quitter le café.

Il la laisse s’en aller, sûr de la revoir bientôt puisque c’est Elle.


Il règle sa consommation et s’en va retrouver Valentine.




Pendant six semaines, Monsieur Martin écrit tous les soirs. Des pages et des pages, des lettres, des poèmes, qui restent sans destinataire. Bientôt, se dit-il pour se rassurer, et continuer à rêver. Parce qu’il sent que c’est Elle, l’inconnue du bar, son inconnue pressée, à la veste rouge et au téléphone portable. Il pense à Elle quand il fait l’amour à Valentine, il pense à Elle quand il écrit l’amour à Camille, il pense à Elle quand il simule l’amour à Eva. Il pense à Elle souvent, presque tout le temps, et il aime ça.

Il retourne au café deux fois par semaines, il L’attend, il L’espère, et il sait qu’un jour Elle sera là.

Et un jour, Elle est là.


L’été s’est installé, la dernière cloche a sonné, Monsieur Martin est en vacances et il va au café. Il s’installe au comptoir, comme toujours depuis, et attend. Comme s’ils avaient rendez-vous, elle arrive, avec les dix minutes de retard qu’il qualifie d’élégance féminine. Ces dix délicieuses minutes durant lesquelles l’impatience gronde car elle se sait bientôt terminée et le coeur bat si fort que l’on se sent pleinement vivant.

Sa présence entre et sa voix commande un café. Il prend un instant avant de se tourner vers Elle. Elle semble le reconnaître, et lui sourit. Cette fois, Elle accepte le café qu’il lui offre, Elle accepte même de s’asseoir à une table, face à lui. Et leurs premiers mots sont tout sauf banals. Sa voix lui raconte les plus belles histoires qui soient, il l’écoute, il la boit, il l’aime du regard, et puis il parle comme s’il parlait pour la première fois. Il lui dit ces choses que l’on ne dit pas lorsqu’on rencontre quelqu’un, parce qu’elle n’est pas quelqu’un, elle est Elle.


Quand elle se lève pour partir, il tient son numéro de téléphone dans sa main. Une petite feuille de papier arrachée d’un carnet, son écriture, son nom : elle s’apelle Chloé. Et elle vient au café tous les jours, après 17h, elle travaille tout à côté.


Avant de passer la porte, elle se retourne et lui dit : à demain !


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