Magazine

Chroniques d’un anthropologue au Japon (41)

Publié le 20 mars 2021 par Antropologia

Faux pas

Notre interview a été publiée dans le journal du quartier. Et notre photo s’affiche aux côtés de Momo et Taru, les caniches nains du mois. Mo écrit à ma femme dans la semaine, que nous avons droit à 10.000 yens (70 euros), offerts par l’association aux familles lors de la naissance d’un enfant. Nous nous réjouissons de cette nouvelle et l’en remercions. Nouveau mail deux jours plus tard, qui nous annonce que le budget a été revu à la baisse pour 2021, et que ce serait en fait moitié moins. Il nous propose une date pour nous rencontrer et nous remettre l’enveloppe. Je ne serai pas là, car je dois aller déclarer nos revenus au bureau des taxes de Nishinomiya. Mo s’excuse, et précise qu’il sera accompagné de deux autres personnes, qui seront des femmes (!). J’explique à mon épouse étonnée par la tournure de la phrase de Mo, qu’il écrit cela pour la rassurer, qu’elle ne risque pas d’être assaillie par une horde de mâles sans témoin oculaire femelle. Les deux acolytes de Mo seront cette fois Yu, qui joue le rôle d’interlocutrice entre les habitants et l’association, et Li, responsable des activités et du bien-être des enfants du quartier. Ma femme achètera des biscuits et leur servira le thé, dans le salon cette fois, car la cuisine est trop petite. Je lui fait remarquer qu’elle risque de dépenser au moins autant que ce qu’ils ont prévu de lui donner. Enfin, peu importe, il est 13 heures, je sors payer mes impôts.

17 heures, retour à la maison. Tout à l’air de s’être bien passé pendant mon absence. Selon ma femme, les convives se sont bien amusés, et la responsable du bien-être des enfants aurait même éclaté de rire en regardant ma collection de disquettes sur PC-98, un ordinateur NEC de la fin des années 80. Je m’aperçois alors que j’avais complètement oublié de ranger certains jeux inconvenants que ma femme m’avait pourtant ordonné de dissimuler avant de recevoir du monde. Infirmières de nuit, princesse sucette et l’histoire des trois soubrettes trônaient fièrement dans la bibliothèque du salon.

Rémi Brun


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Antropologia 111 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte