La broche
Visite à une vieille cousine fraîchement entrée en Ehpad. Tout un protocole à respecter mais enfin, me voilà à une table devant elle dans un couloir isolé.
Une pensionnaire vient cependant s’asseoir à un mètre sur la seule chaise disponible, sans doute celle du covisiteur en période Covid.
-Mais oui tu la connais, c’est la sœur de Gaby, et celle de Fernande, c’est Germaine, Germaine de Bordères…
?
Je les félicite toutes deux pour être si bien mises, impeccables, élégantes, ongles faits vernis de rose.
Germaine n’a apparemment que faire de mes compliments et me scrute pour finalement me déclarer d’un air sévère :
-J’ai la même veste que vous.
?
Ma vieille cousine a des soucis de sac à main dont elle a grand besoin à cause de la fiche avec les numéros de téléphone.
J’ai des doutes mais bon, j’arrête une jeune et souriante aide-soignante qui passe et lui explique pour le sac.
-Le sac ? Mais vous l’aviez sur le lit ce matin pour chercher le peigne.
Et l’aide-soignante de poursuivre son chemin.
Germaine a toujours la même mine peu avenante et déclare tout bas en désignant la jeune-fille qui s’éloigne :
–Aquère, qu’es ua meishante broche.
! ?
Je suis choquée. Chez nous on dirait plutôt brouche,
mais j’ai compris. Ce n’est pas possible, j’ai bien vu que cette employée est vraiment adorable et serviable. Ma vieille cousine a l’air de mon avis.
La vache ! Se faire traiter de sorcière quand on fait de son mieux un boulot pareil !
Perso, il y a des baffes qui se perdent.
Je parle jardin avec ma gentille Georgette. Un peu perdue pour certaines choses mais très pertinente sur d’autres :
-Tu as déjà fait les patates ? Tu n’as pas attendu la saint Joseph ?
Et tu me porteras un petit sac comme le tien, le mien est trop grand, il est bien le tien, un petit sac que tu n’aimes plus.
Je dis aussi au revoir à Germaine, elle ne me répond pas.
?
Thérèse Marsan
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Pacman
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