Ce post aurait pu s'appeler "Se souvenir des belles choses". Sans nostalgie. Il y a 10 ans aujourd'hui, le 31 mars 2011, je franchissais la porte de L'Equipe... pour la dernière fois, un petit carton sous le bras rempli de quelques souvenirs. Des souvenirs mais surtout beaucoup d'émotion(s). Quelques minutes avant, j'avais eu du mal à lâcher quelques mots à l'issue du petit pot organisé pour mon départ. Un départ, une quinzaine d'années après mon arrivée.
Je n'ai jamais rêvé d'être journaliste quand j'étais plus jeune. Lorsqu'on me demandait ce que je voulais faire, je répondais "prof d'histoire". J'ai fini par raconter celles du sport. La vie, avec ses hasards et ses rencontres, m'a conduit un jour au 4 rue Rouget-de-Lisle, à Issy-les-Moulineaux, là où siégeait à l'époque le journal L'Equipe. Quand on est passionné de sport, de tous les sports, travailler à L'Equipe est une sorte de Graal. Moi le footeux qui, gamin, se collait au grillage des tribunes Pesage du stade Auguste-Delaune de Reims, se retrouver à la rubrique foot de L'Equipe, être payé pour aller voir des matches de foot de très haut niveau, c'était dingue.

Quelques mois auparavant, j'avais quitté mon poste à Jogging International. Beaucoup étaient sceptiques. Je quittais un boulot "stable" où je partais un peu partout dans le monde pour couvrir et courir des épreuves, pour un statut précaire de pigiste. On m'a pris pour un fou. Mais j'y suis allé... parce que je le sentais.



Et voilà comment, le 31 mars 2011, j'ai franchi pour la dernière fois les portes de L'Equipe. Dix ans donc que j'ai mis fin à cette histoire. Pourtant, L'Equipe reste "ma maison".
Alors attention, précision essentielle, je ne remercierai jamais assez Eric Brion et Jérôme Lenfant, alors directeur général et directeur de la rédaction d'Equidia, de m'avoir fait confiance alors que je n'avais aucune expérience du monde de la TV et que les sports équestres n'étaient qu'une discipline parmi beaucoup d'autres que je suivais. Cela aurait pu s'arrêter après quelques mois voire quelques semaines, l'histoire a duré près de 9 ans. Pendant ces 9 ans à Equidia, j'ai vécu des moments incroyables, des expériences intenses, j'ai appris à diriger une équipe, à prendre des décisions et j'ai surtout rencontré de sacrées belles personnes. Ces 9 années m'ont profondément marqué et Equidia tient une place privilégiée dans ma vie.
Mais même si dix années sont passées, même si L'Equipe a profondément évolué et pas seulement dans son format, mon premier réflexe chaque matin est de télécharger le journal (légalement of course) et d'y découvrir son contenu. La qualité des journalistes du journal est la garantie de grands papiers, de grandes histoires qui vont souvent bien au-delà du sport. Alors bien-sûr, je ne suis pas toujours d'accord. Parfois même, certains papiers, certains angles, certaines orientations peuvent m'énerver. Bien sûr, j'aimerais davantage de "petits sports"... comme avant. Mais le monde a évolué. Vite, très vite. La réalité économique aussi avec la nécessité de vendre, d'attirer. Evidemment, parfois, cela peut amener quelques incompréhensions, l'envie de crier "oh non, pas toi L'Equipe, pas après tout ce que tu as fait". Mais très sincèrement, contrairement ce que certains peuvent parfois penser, je suis convaincu que dans cette inévitable adaptation, L'Equipe a su conserver son intégrité. Grâce à la richesse de sa rédaction, de ses journalistes. Les anciens que j'ai connus, les nouveaux dont je découvre la plume. Alors merci à toutes celles et tous ceux qui chaque matin m'accompagnent.
Aujourd'hui, et depuis quelques mois maintenant, me voilà indépendant. Le contexte n'est certes pas des plus favorables et je ne sais pas trop encore où je vais. Mais peu importe. J'y vais... parce que je le sens.
