Le rêve est presque aussi ancien que l'informatique : laisser la machine programmer les logiciels nécessaires au fonctionnement de l'entreprise. Après les progiciels requérant toujours des ajouts spécifiques, les outils trop basiques de génération de code, les nouvelles plates-formes hélas limitées de développement sans code…, l'intelligence artificielle commence enfin à fournir une aide précieuse aux professionnels.
C'est une équipe d'analystes du cabinet Forrester qui s'attarde aujourd'hui sur le sujet, dont l'importance devient critique tandis que la transformation « digitale » engendre une demande croissante pour des applications qui, parce qu'elles doivent être capables de prendre en charge toutes sortes d'activités, deviennent en outre de plus en plus complexes. Or cette double expansion sans fin est une raison à la fois du besoin d'automatisation de la production logicielle et de l'inadéquation des solutions actuelles.
Une fois écartés les développements les plus triviaux, qui sont effectivement à la portée des outils d'assistance existants, les problèmes difficiles à résoudre, aujourd'hui réservés, par la force des choses, à des spécialistes humains, représentent l'essentiel des coûts des projets informatiques, dont la progression exponentielle risque d'atteindre rapidement une limite. Cependant, à défaut de remplacer entièrement ces experts, les robots tirent déjà leur épingle du jeu sur certaines tâches, lourdes et fastidieuses.
Sachant que, selon une étude de l'université de Cambridge, les développeurs passent la moitié de leur temps en compilations, tests et corrections d'anomalies, le moindre produit susceptible de réaliser ces corvées de manière autonome, ne serait-ce que partiellement, peut entraîner des gains considérables. Le billet de Forrester cite ainsi plusieurs exemples de solutions – propulsées par l'intelligence artificielle – conçues afin d'assumer une vaste palette de fonctions lors des différentes phases de la création logicielle.
La spécification de contrats d'API, la vérification et l'optimisation de code, la composition de pages web à partir d'un dessin ou d'une description textuelle, la recherche et l'intégration de la meilleure référence pour l'implémentation d'un service… sont quelques-unes des compétences que des robots possèdent désormais et la liste s'allonge régulièrement, notamment à travers les ajouts des géants technologiques (Facebook, Google, IBM, Microsoft…), premiers clients naturels de ce genre de capacités.
Si la notion d'agent intelligent programmant une application de bout en bout selon les directives d'un document de conception, voire d'une personne dictant les besoins à satisfaire, reste une utopie encore lointaine, la réalité nous offre dès maintenant l'opportunité d'assembler des services variés permettant de faciliter et accélérer presque toutes les étapes du développement. Très bientôt, seules les sections algorithmiques les plus sophistiquées exigeront encore l'intervention d'un individu en chair et en os.