Roku est un groupe de chaînes de SVOD aux Etats-Unis qui, après avoir racheté les séries de Quibi, comptait bien aussi proposer ses créations originales. La première qui est venue à moi est Cypher et malheureusement, malgré la bonne idée de départ, tout part rapidement en sucette et devient assez stupide. Entre les personnages, le jeu des acteurs, la mise en scène et le scénario, il y a plein de problèmes tout au long de ces huit épisodes qui sortent un peu le téléspectateur du récit par moment. Ce qui motive le téléspectateur est de savoir qui est derrière cette histoire de code avec cette liste. Cependant, les dialogues s’allongent souvent inutilement sur des sujets ennuyeux. Notamment les histoires personnelles de chacun qui ont du mal à donner un véritable caractère intéressant au récit. Cela n’est pas aidé par un casting mal dirigé qui ne sait pas vraiment quoi faire de son personnage. La simplicité des dialogues ne colle pas vraiment avec la complexité de ce puzzle. A la base, Cypher est sensée nous raconter une histoire complexe à tiroirs multiples où l’on doit découvrir des secrets. Mais le scénario a du mal à complexifier son récit et tombe donc dans tous les pièges du genre.
J’ai eu l’impression par moment que le scénario cherchait uniquement à ralentir le rythme en se concentrant sur des personnages et leurs états d’âme. Ces longues scènes où le casting délivre ses lignes sans conviction m’a donné l’impression de voir l’un des soaps de Tyler Perry sur OWN ou BET. Tout cela est accordé avec cette musique d’ambiance omniprésente qui cherche clairement à donner un rythme ou créer des émotions artificielles sauf que je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages ni à entrer complètement dans le récit. En donnant cette mauvaise impression de surjouer constamment, le casting n’arrive pas à rendre leurs personnages intéressants. Si seulement le casting et la direction de celui-ci était le seul problème de Cypher… Mais la série se concentre par moment sur des séquences étranges où le sexe, un entrainement de boxe et une cuillère de glace tentent de donner quelques frissons. En vain…
Etant donné qu’il est clair que les scénaristes ne savaient pas comment faire évoluer l’histoire au delà du prémisse de départ, ils ont écrit des séquences de transition souvent longues qui ne font que sortir le spectateur de la série. Les scénaristes s’appuient alors sur ces émotions exacerbées quitte à rendre le tout encore plus crétin qu’il ne l’était déjà. Sans parler de la subtilité de ces petits moments qui est aussi folle qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Toutes ces scènes sont clairement là pour remplir les trous et ne font pas évoluer l’histoire, ni ne révèle quoi que ce soit sur les personnages. Alors que si une série veut montrer la vie privée de ses personnages, le but est clairement de nous attacher à eux en nous révélant plus de choses sur ce qu’ils peuvent faire dans leur vie.
J’ai toujours aimé les séries d’espionnage et les séries d’action mais Cypher est tout l’inverse. J’ai eu l’impression de voir l’un de ces Direct to SVOD où le synopsis donne envie et où l’on s’ennuie les trois quarts du temps autour des simagrées de chacun des personnages et où l’histoire avance uniquement dans les cinq dernières minutes alors que les révélations s’enchaînent. C’est un peu la même chose avec Cypher qui n’a de cesse de tirer sur la corde. La corde c’est aussi le montage souvent catastrophique où l’on passe d’une scène à l’autre comme du coq à l’âne. Pour une première incursion dans le monde des séries originales, Roku Channel aurait clairement pu sélectionner un produit un peu plus travaillé que ça. Ils ont les moyens et donnent ici l’impression d’être une plateforme de seconde zone. Je n’ai pas envie de voir de saison 2 de Cypher compte tenu du ridicule de chaque épisode.
Note : 2/10. En bref, en dehors de quelques moments efficaces (par défaut), Cypher est une série lancinante où tout est raté : du sur-jeu des acteurs aux dialogues crétins.
Disponible sur Roku Channel aux Etats-Unis. Prochainement en France