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Les printemps sauvages, de Douna Loup

Publié le 07 avril 2021 par Francisrichard @francisrichard
Les printemps sauvages, de Douna Loup

Tu m'entends, ne laisse plus jamais personne décider pour toi ou te faire croire que tu n'as pas le choix... Même ceux qui semblent t'aimer en disant cela, fuis!

Voilà ce que disait sa mère à la narratrice. La même l'a entraînée à quitter la maison et son froid et tout ce passé. Et elles sont parties toutes deux pour revenir ensemble à leur commencement sauvage.

La narratrice ne demandait pas mieux que d'aller avec elle jusqu'au bout du pays et peut-être même plus loin encore. Ce ne serait pas sans but depuis qu'elle avait appris qu'elle avait un frère caché.

Ce frère, de trois ans plus âgé, son père, Gil, qu'elle n'avait pas vraiment connu, l'avait emmené avec lui quand elle n'avait qu'un an. Et sa mère ne savait pas ce que les deux étaient devenus depuis.

Pendant quatre ans elles ont marché par champs et bois, ne faisant halte que pour travailler, afin de vivre et apprendre ce qui pourrait leur servir un jour, repartant chaque fois plus riches que devant.

La narratrice raconte cette quête de quatre ans, après lesquels elle et sa mère se séparent pour vivre chacune de son côté, s'appliquant le précepte libérateur de décider de leur vie par elles-mêmes:

[Cette quête] nous a rendu libres, un peu rudes, elle nous a engagées dans le monde. Notre fuite nous a résolues à être nous-mêmes.

Au bout de trois mois, la mère laisse sa fille dans une île où celle-ci ne reste qu'un an, mais où elle connaît l'amour, un amour singulier, comme elle, avec un être androgyne, inclusif par nature.

Les tâches qu'elle accomplit ici ou là l'instruisent, certaines personnes qu'elle rencontre partagent sa quête. Aussi la ville n'est-elle qu'une étape avant de répondre avec elles à l'appel de la forêt.

Là serait incarnée cette envie de vivre sans s'approprier, sans dominer ni circonscrire: Soyons pleins d'affection délibérée pour nos semblables et incluons dans nos semblables tout ce qui est vivant.

N'est-ce pas mieux de fuir seule sur les sentes sauvages du monde, là où elle n'a ni sexe ni nom, mais pour seule certitude d'exister et de confluer comme toutes les espèces animales, végétales, minérales?

Francis Richard

Les printemps sauvages, Douna Loup, 160 pages, Zoé (sortie le 8 avril 2021)

Livre précédent chez Zoé:

Déployer (2019)

Livres précédents au Mercure de France:

L'embrasure (2010)

Les lignes de ta paume (2012)

L'oragé (2015)


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