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A mourir de honte. 8/04/2021

Publié le 08 avril 2021 par Toiletteintime @toiletteintime

Le débat sur l’euthanasie (ou fin de vie assistée, comme on dit en langage bienpensant) nous prouve une fois de plus que le poids de la religion catholique dans ce pays de vieux réacs prend le pas sur toute réflexion personnelle. Comme pour l’avortement, cette vieille garde pense que l’on n’a pas le droit d’ôter une vie, mais ne rechigne pas en temps de guerre à envoyer ses enfants se faire massacrer au nom de la patrie. Comme pour la sexualité. Un homme est un homme, une femme est une femme si elle est soumise à l’homme, et tout ce qui se rapproche plus ou moins d’un être ambigu ou hermaphrodite doit périr dans les flammes de l’Enfer. Sauf dans les orgies du Vatican ou dans les partouzes chez l’ambassadeur où il est de bon ton de se faire tâter la prostate par de jeunes éphèbes, avant de retourner faire la messe ou la morale à l’Assemblée Nationale.

Dieu donc, toujours lui, refuserait que l’on tue en son nom. Ce qui reste, avouons-le, la plus grande blague de l’histoire catholique, où en des temps pas si éloignés on ne rechignait pas à brûler des femmes adultères ou à écarteler des homosexuels. Dieu seul aurait, le droit de vie et de mort sur nous, pauvres êtres humains qu’il a eu la bonté de créer en ce 6e jour, juste après les amphibiens et les ptérodactyles. Partant du principe que sa présence a moins été prouvée que celle de Xavier Dupont de Ligonnès ces dernières années, que son action concrète encore moins (les tremblements de Terre seraient dus à la tectonique des plaques, la destruction de l’éco-système à l’homme…), il serait peut-être de bon ton de laisser chaque individu décider par et pour soi-même ce qu’il veut faire de sa vie et de sa mort ! Venir au monde s’avérant déjà douloureux pour beaucoup (surtout pour nos mères), certains passeront leur vie à subir. Et puis un jour, abandonnés par tous et un peu ivres, ils iront courir nus dans un champ, sous l’orage, pour entrevoir enfin la lumière. 100 millions de volts d’un coup. Finir comme une petite merguez, une belle fin pour ces amateurs de barbecue. La justice conclura à un accident, bien qu’on ne retrouvât jamais leurs habits.

Ni Dieu, ni l’état, ni personne ne devrait avoir le droit de vie ou de mort sur autrui, même si certains ne demandent pas l’autorisation pour trucider au hasard, et pas que dans des pays où les armes sont en vente libre et les conducteurs sans permis en liberté ! Au-delà du mal être, de la pression sociale, du regard des autres (ou pire, de l’absence de regard), au-delà des déceptions et des rejets, du handicap physique qui empêche souvent de bien serrer le nœud de la corde, les maladies incurables poussent certains à prendre des décisions drastiques, personnelles, réfléchies et humaines, que d’autres (que l’on appelle des proches !) ont décidé d’interdire. En leur nom. Mais parler au nom des autres est la plus grande hérésie de ces temps modernes. Celle qui fait les dictateurs, les armées, les groupuscules, les sectes, le patriarcat, les religions ou les porte-parole !

Fermez vos gueules et laisser nous respirer. Laissez-nous réfléchir par nous-même, donner notre avis, même si cela va à l’encontre de vos pensées policées par des siècles de certitudes et d’éducation judéo-chrétienne, faussées par des écrits fantasques. Le monde évolue plus vite que vous. Il faut vous y faire. Tant qu’il est encore temps. Perso, je le dis là devant tout le monde (ou au moins aux 16 personnes qui me lisent), je veux en finir avant qu’Hanouna ne devienne président, je ne peux déjà plus supporter la version de Belle par Gims, Dadju et Sofiane, alors que j’ai subi l’original il y a 20 ans, je ne peux plus croire en un monde gouverné par l’avis des internautes, les likes, les polémiques, les selfies de connard.sses suffisant.es, l’écriture inclusive et la société non inclusive, la fermeture des Sephora et les virus à répétition. Je veux être incinéré, parce que je suis claustrophobe et qu’à la place des tristes cimetières on peut bâtir de très belles galeries marchandes. J’aimerai que mes cendres soient répandues au-dessus du stade de l’Abbé Deschamps, au printemps. Mais quand l’AJ Auxerre sera de retour en Ligue 1, parce que là c’est trop la honte.

Avant ça, prenez mes organes et donnez-les à des gens dans le besoin. Je suis non-fumeur, je n’ai plus de vésicule mais j’ai un anus de jeune homme, un cœur fragile mais qui s’emballe encore devant une belle fille, un beau sourire, un bon film ou une chanson de Nancy Sinatra. Mon cerveau est encore en pleine ébullition, parfois un peu trop, mais il peut sûrement aider certains à se sortir d’années passées devant NRJ 12. En revanche je refuse qu’il soit donné à un militaire ou à un accidenté en trottinette électrique. J’ai mes limites. Et surtout, si je m’éteins un soir devant Top Chef en me bavant dessus, j’ai trop de respect pour les soignants et la consommation d’énergie pour végéter des années dans un lit d’hôpital. Je l’ai fait 3 semaines pour échapper jadis à l’armée, c’est inhumain. Respectez-moi un peu, et vous par la même occasion. On n’a rarement l’occasion de choisir le moment et le moyen de sa mort, alors ne nous privez pas de cette petite vengeance sur le destin. C’est un luxe que beaucoup n’ont pas eu.

A mourir de honte. 8/04/2021

Crédits : Boris Zhitkov – Getty


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