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Variations satiriques, de Bertrand Allamel

Publié le 12 avril 2021 par Francisrichard @francisrichard
Variations satiriques, de Bertrand Allamel

Quelques observations m'ont conduit à interroger le sens de nos coutumes et habitudes. Elles ont donné lieu à ces variations satiriques.

Dans ces Variations satiriques, Bertrand Allamel pratique l'ironie. Il ne juge pas, il questionne. Il le fait avec d'autant plus d'aise qu'il est lui-même impliqué dans la perpétuation des objets de sa verve.

Le mot qui vient non seulement à l'esprit du lecteur mais qui apparaît dans le sous-titre est superficialité: les faits et gestes qui se perpétuent sont vidés de leur sens et il ne leur reste plus que l'enveloppe.

Dans une époque où la spiritualité a cédé le pas à la matérialité, les sacrements de mariage, de baptême, de communion, restent des rites obligés mais ils sont surtout l'occasion de faire ripaille à satiété:

- Le mariage: La fête est réussie. Le reste, c'est une autre histoire.

- Le baptême: Une photographie sur le parvis, peut-être, puis vient donc l'heure de se restaurer.

- La communion: Une fois la célébration terminée, chacun peut s'en retourner chez soi avec le sentiment du rite accompli, et avec la panse bien remplie.

Bertrand Allamel n'est pas moins ironique quand il regarde ceux qui s'adonnent à leurs addictions, qui lui sont étrangères non pas par vertu, mais par incompatibilité avec ce que son corps peut supporter:

- Il a du mal à savoir si, chez des cafeïnomanes, le café répond à un besoin physiologique ou psychologique, même s'il a lui-même un penchant similaire pour la théine.

- Il n'a pas besoin d'alcool pour passer du bon temps et n'empêche donc pas les buveurs de trinquer et de festoyer: il leur demande juste de ne pas railler les hydropotes.

- Il ne fume pas et c'est sans mérite: si le maniérisme des fumeurs et leur théâtralité finissent par l'ennuyer après l'avoir charmé, il a surtout peur pour eux qu'ils attrapent le Mal.

La vie est jalonnée d'étapes considérées comme incontournables, bien qu'illusoires, telles que le baccalauréat, le CDI (contrat à durée indéterminée), la profession. Il ne leur épargne pas ses sarcasmes:

- Le baccalauréat est une mascarade généralisée caractéristique de la déchéance de notre monde.

- Le CDI est un enfermement rassurant, frilosité typique de notre époque, qui lui procure une effroyable tristesse.

- La profession: Certains s'activent dans leur profession et font montre d'une implication tape-à-l'oeil, croyant exercer un métier.

L'auteur avait certainement besoin de laisser libre cours à ses sarcasmes sur ces sujets et quelques autres. Mais, une fois vidé son sac - ce qui lui a fait le plus grand bien - il peut passer à autre chose.

Avant de faire comme lui, difficile de ne pas citer ce qu'il dit des artistes engagés qui en viennent à confondre autorité et notoriété, croyant faire preuve de la première alors qu'ils mésusent de la seconde:

Leur opinion, qu'ils imaginent probablement plus valable que celle des petites gens, ne vaut finalement pas mieux que celle de quiconque.

Francis Richard

Variations satiriques, Bertrand Allamel, 84 pages, Le Lys Bleu Éditions

Livres précédents aux Éditions Libréchange:

Culturellement incorrect (2016)

Le changement c'est maintenant (2017)


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