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Genius: Aretha (Saison 3, 8 épisodes) : qui est et a été Aretha Franklin ?

Publié le 13 avril 2021 par Delromainzika @cabreakingnews

L’histoire d’Aretha Franklin est compliquée à raconter, notamment car le personnage en lui-même est compliqué. Aretha Franklin a toujours incarné quelque chose d’immuable dans le monde de la musique soul et cette saison 3 de Genius qui se concentre sur son histoire manque parfois de ce côté star. Cynthia Erivo (The Outsider, Harriet) se retrouve donc dans la peau d’Aretha et ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile. Après s’être intéressé à Albert Einstein (saison 1) et Pablo Picasso (saison 2), la série de National Geographic nous plonge dans le monde de la musique soul. Suzan-Lori Parks (The United States vs Billie Holiday) se retrouve ici à la tête de cette saison 3 de Genius et je dois avouer que Genius: Aretha a les mêmes défauts que le film qu’elle a écrit récemment. La saison a parfois un problème de ton, mélangeant les flashbacks en noir et blanc sur le passé d’Aretha Franklin à l’église et le côté très pop et coloré de ce qu’elle est devenue quand elle est devenue célèbre. La série ajoute à cela l’hypocrisie des hommes qui sont entré dans sa vie comme son père CL Franklin (incarné par Courtney B. Vance) en plus de sa difficulté avec la popularité qui s’entrechoque avec sa vie personnelle.

Après sa mort en 2018, de nombreux biopics sur la star de la soul ont été annoncé. Le premier est pour le cinéma, l’autre est celui-ci. Du coup, à cause de la pandémie, Genius: Aretha est le premier biopic a faire son apparition sur les écrans. La chronologie de la série fait clairement défaut à celle-ci alors que l’on passe parfois du passé de la star au présent lorsqu’elle est devenue une star. C’est déroutant et pas vraiment fluide. Dans le premier épisode, Aretha est déjà une star puis l’on replonge dans son passé afin de découvrir comment elle est devenue une star. Tout au long de la saison, Genius: Aretha n’a de cesse de faire des aller-retour qui vont ruiner en grande partie tout le pouvoir qu’une telle histoire pouvait avoir. Les dialogues de Suzan-Lori Parks souffrent de simplicité qui ne permettent pas vraiment d’être à la hauteur des attentes que l’on peut avoir d’un biopic autour d’une telle personnalité. On oscille alors entre jolies séquences d’enregistrement qui permettent de se souvenir des hits d’Aretha et des scènes souvent lancinantes qui se reposent sur ce qui semble être une page Wikipédia de la vie de la star.

L’évolution de Franklin au fil des épisodes est étrange car la série a aussi clairement été construite pour être diffusée sur une semaine avec deux épisodes par soir. Plutôt que de faire évoluer le personnage au fil de la saison, Genius: Aretha préfère donc cette construction narrative étrange. Quand Franklin demande des hits, qu’elle parle de ses inspirations politiques et qu’elle tient tête aux autres alors tout cela est clairement limité car il n’y a pas l’impact voulu. Cela manque ainsi d’émotions et Genius: Aretha devient une sorte de série organique, sans l’ambition dont elle aurait clairement dû s’imprégner dès le départ. Au delà de ça, l’écriture parfois fainéante oublie donc de développer suffisamment les hommes qui entourent Aretha comme son père ou son mari Ted White. Le talent des acteurs tente de faire le reste mais ne parvient jamais à être à la hauteur de ce que l’on aurait dû attendre. Les dynamiques avec les personnages tombent donc un peu à plat. Cynthia Erivo n’est pas mauvaise dans la peau d’Aretha mais elle ne brille pas non plus. Je me demande si au fond c’était l’actrice à choisir pour un tel rôle. Elle a ses qualités mais aussi ses défauts car l’on sent parfois qu’elle ne se sent pas à sa place et le scénario en pâti complètement.

En plus de ne pas ressembler à Aretha et en dehors de la voix impeccable de l’actrice, je dois avouer que l’actrice est incapable de reproduire la profondeur de la voix et de la façon de parler d’Aretha ce qui m’a par moment complètement sorti du récit. Le seul truc qui fonctionne vraiment dans Genius: Aretha c’est probablement ce qui m’a aussi le plus déçu parfois : l’enfance de Franklin. La série parvient alors à ce moment à introduire tous les éléments qui ont forgé le caractère d’Aretha au fil des années : l’alcool, la fête et les prédateurs sexuels adultes. La série parvient alors à parler du côté parfois hypocrite de l’église de l’époque. L’autre bon élément de Genius: Aretha est Ken Cunningham (incarné par T.I.). Il s’avère plutôt bon dans le rôle et apporte un brin d’humanité (même si l’on a récemment appris qu’il était accusé d’avoir violé et drogué des femmes - tout cela a d’ailleurs été connu après le tournage de Genius: Aretha -) qui contraste avec les hommes violents et infidèles qu’il y a eu dans la vie d’Aretha. On verra ce que le film adapté de la vie d’Aretha donne mais j’espère qu’il sera bien plus solide que Genius: Aretha…

Note : 4.5/10. En bref, une adaptation confuse et étrange de la vie de la Queen of Soul.

Une saison 4 de Genius verra le jour l’année prochaine et racontera l’histoire de Martin Luther King Jr.


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