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Covid-19 : 100 000 décès en France, 1 million en Europe

Publié le 14 avril 2021 par Sylvainrakotoarison

" Cette troisième vague est peut-être la plus dure. " (Angela Merkel, le 12 avril 2021).
Covid-19 : 100 000 décès en France, 1 million en Europe
Triste bilan, hélas seulement provisoire, de la pandémie de covid-19 en France, en Europe et dans le monde. Il faut insister : le covid-19 est une saloperie, il s'attaque à tout le monde, aux personnes vulnérables (âgées, malades), mais aussi aux personnes jeunes, en pleine santé, en pleine forme. Cette semaine sera celle d'un seuil franchi, un seuil macabre et bien inimaginable il y a treize mois, au début de la prise de conscience collective : le 14, ou le 15 avril 2021, 100 000 personnes seront décédées du covid-19 en France. Ce mardi 13 avril 2021, le nombre exact était de 99 480 décès (dont 73 335 après hospitalisation, les autres étant en EHPAD), et il y a actuellement entre 300 et 400 décès par jour.
Le taux moyen de personnes qui sont mortes du covid-19 en France sur le nombre total de personnes hospitalisées est de 17% (ce n'est pas négligeable) et le taux moyen apparent de décès rapporté au nombre de cas détectés est de 2% (il faut compter qu'un cas sur deux a été détecté, le taux réel est donc plutôt proche de 1%, ce qui reste très élevé : 1 personne meurt sur 100 personnes contaminées).
100 000 personnes, et leurs familles, les amis, cela commence à faire beaucoup, c'est beaucoup plus que les victimes des attentats depuis 2015, plus que les victimes de la route cumulées depuis plus d'une vingtaine d'années. Même si, hélas, la crise n'est pas encore finie, il est temps que la Nation honore ces morts comme on a honoré aussi les victimes des attentats. Pas seulement par quelques mots dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale au détour d'une phrase, mais par une vraie cérémonie. Joe Biden, en arrivant à la Maison-Blanche, l'avait fait pour honorer à l'époque les 400 000 personnes tombées du covid-19 (elles étaient 415 000 le 20 janvier 2021), elles sont maintenant plus de 577 000.
Deux autres seuils macabres vont aussi bientôt être franchis : en Europe (en comptant la Russie et le Royaume-Uni), le seuil de 1 million de décès va également survenir (ce 13 avril 2021, environ 960 000), et dans le monde, celui de 3 millions de décès (ce 13 avril 2021, environ 2,97 millions de décès). La France se "classe" au 8 e rang mondial de la mortalité absolue (sans mettre en rapport avec la population), derrière les États-Unis, le Brésil, le Mexique, l'Inde, le Royaume-Uni, l'Italie et la Russie et devant l'Allemagne. L'Europe est donc durement touchée, représentant un tiers des décès au total alors qu'elle ne représente qu'un neuvième de la population mondiale.
En nombre de cas détectés de covid-19, d'autres seuils symboliques ont été ou vont être franchis ces prochains jours. En France, 5 millions de cas détectés, le seuil a été franchi la semaine dernière (le 10 avril 2021), la France est la première d'Europe, un podium dont elle se passerait bien (5,1 millions ce 13 avril 2021). Et au quatrième rang mondial derrière les États-Unis, l'Inde et le Brésil et devant la Russie et le Royaume-Uni. En Europe, le seuil de 42 millions de cas détectés est sur le point d'être franchi ce mercredi 14 avril 2021. Et dans le monde, le seuil de 140 millions cas détectés sera franchi avant la fin de la semaine (137,8 millions ce 13 avril 2021, avec un rythme de 500 000 à 700 000 nouveaux cas chaque jour).
Bien sûr, le nombre total de cas détectés depuis le début de la pandémie est une donnée très partielle de la réalité, parce qu'au début, en France, par exemple, on ne testait que les cas graves, et cela dépend aussi du nombre de tests, et après un retard au démarrage, la France fait partie des nations qui testent le plus sa population. Au 13 avril 2021, près de 70,5 millions de tests ont été réalisés, soit en moyenne plus d'un par habitant (à titre comparatif, l'Allemagne, beaucoup plus nombreuse, n'en a fait que 51,5 millions). Le nombre de décès donne une meilleure vision de la réalité (la France est au quatrième rang européen après le Royaume-Uni, l'Italie et la Russie et avant l'Allemagne, l'Espagne et la Pologne).
Covid-19 : 100 000 décès en France, 1 million en Europe
Un autre critère essentiel est le nombre de personnes en réanimation (ou en situation critique, les définitions peuvent être un peu différentes selon les pays) pour cause de covid-19. Ce sont des personnes qui resteront marquées à vie si elles en réchappent. Actuellement (au 13 avril 2021), il y en a plus de 104 000 dans le monde, plus de 33 000 en Europe, et en France, le seuil de 6 000 patients en réanimation va être franchi le 14 ou le 15 avril 2021 (au 13 avril 2021, ils sont 5 952), soit beaucoup plus qu'à la deuxième vague en novembre 2020 (20% de plus), mais moins qu'à la première vague (environ 7 300 en avril 2020). Plusieurs médecins hospitaliers estiment que le pic de cette troisième vague n'aura pas lieu avant le début du mois de mai 2021.
Depuis le début de la pandémie, 74 730 personnes ont été soignées en réanimation en France et 437 684 ont été hospitalisées (au 13 avril 2021). Actuellement, 31 226 malades du covid-19 sont hospitalisées, soit environ 6 000 de plus que le mois dernier.
Plus généralement, cette maladie touche gravement la population mondiale. Je le répète, hélas, la crise n'est pas terminée, est loin d'être terminée dans certains pays, ce qui signifie que partout, elle peut ressurgir si on arrive à l'éradiquer localement (les îles ont un avantage dans ce cas-là).
Sa mortalité est très forte : en France, le covid-19 a déjà tué plus de 0,15% de la population française (à ne pas confondre avec le taux de décès sur le nombre de personnes contaminées ou sur le nombre de personnes hospitalisées, voir au premier paragraphe). Au Royaume-Uni et en Italie, ce taux est actuellement à 0,19%, au Mexique, en Espagne et en Pologne à 0,16%. Aux États-Unis, au Brésil et au Portugal, il est à 0,17%. Certains pays plus petits ont des taux bien plus élevés : 0,26% en République tchèque, 0,25% en Hongrie, 0,23% en Bosnie, 0,20% en Belgique, Slovénie et Slovaquie. L'Europe centrale a été très touchée par la deuxième vague. Inversement, l'Allemagne a un taux beaucoup plus faible que les autres pays voisins, avec 0,09%, par la chance d'avoir été très peu touchée lors de la première vague. Nul pays n'est épargné, si ce n'est la Chine et d'autres pays asiatiques qui ont appliqué très rigoureusement et très militairement des restrictions sévères qui n'auraient jamais été acceptées en France ni en Europe.
La perspective du variant brésilien peut en plus effrayer : le Brésil est dans une situation catastrophique, avec 3 000 à 4 000 décès chaque jour, plus de la moitié des environ 10 000 malades en réanimation sont des personnes jeunes, âgées de moins de 40 ans. Le Brésil a eu plus de 355 000 décès depuis le début de la pandémie ayant touché au moins 13,5 millions de personnes. Mais il faut rappeler que la politique du gouvernement brésilien est de laisser faire, de n'appliquer aucune mesure efficace de restriction sanitaire.
Deux pays ont pu montrer l'efficacité d'une politique volontariste en matière sanitaire. Les Américains ont très peu respectés les gestes barrières, du moins pour la moitié d'entre eux, quand Donald Trump était Président (le masque était stupidement politisé ; on le porte, on est démocrate, on ne le porte pas, on est républicain). Depuis que Joe Biden est au pouvoir et que des mesures rationnelles et efficaces ont été prises, il y a eu un net recul du nombre de décès chaque jour (moins de 1 000 par jour alors qu'il y a trois mois, on en était à plus de 4 000 par jour). Cela signifie qu'au Brésil, on pourrait stopper aussi efficacement l'épidémie de cette manière. En Angleterre, après trois mois de confinement très strict, on commence à déconfiner, dès ce 12 avril 2021 (ouverture des terrasses des bars, restaurants, etc.).
Dans ces deux pays, les restrictions sanitaires ont été décidées parallèlement à une vaccination massive de la population. Au Royaume-Uni, environ 60% de la population a eu la première dose de vaccin. Le nombre de décès a diminué drastiquement, 23 pour le 13 avril 2021. Peut-on dire que le Royaume-Uni devient un pays modèle en gestion du covid-19 ? Difficile de dire car comparativement, il y a eu plus de décès qu'en France (127 123). On avait déjà cru, lors de la première vague, que l'Allemagne était un pays modèle, la deuxième vague a démontré que finalement, il n'y a beaucoup de miracle. L'Allemagne va atteindre le seuil des 80 000 décès (dans deux ou trois jours) et a franchi le 12 avril 2021 le seuil de 3 millions de cas détectés. Lorsque les mesures sont prises (voir les États-Unis et le Brésil dans le raisonnement par contraposition), les conséquences des gestions nationales sur l'évolution de l'épidémie sont relativement mineures.
Probablement que s'il y a un pays à prendre vraiment en exemple, c'est Israël qui a poussé à l'extrême la politique de vaccination. Et comme prévu, cela a eu d'heureuses conséquences sur la mortalité (ce 13 avril 2021, seulement 5 décès ont été à déplorer en Israël). On oublie cependant deux éléments à prendre en compte. Israël est un petit pays, de moins de 10 millions d'habitants. Si la France était de la taille d'Israël, cela aurait fait déjà une dizaine de jours que sa population aurait entièrement eu une première dose. L'autre élément, c'est qu'Israël a pu être fourni massivement en vaccins Pfizer par un accord qui prévoie d'apporter toutes les données de pharmacovigilance de la population israélienne au producteur pharmaceutique. Il n'est pas certain que les Français qui ont protesté contre le "retard vaccinal" de la France auraient accepté de laisser filer leurs informations personnelles à un grand groupe privé étranger.
Cela dit, l'exemple de ces trois pays (entre autres) est rassurant et prouve, si on avait un doute, que la vaccination est la solution à moyen et long terme (pas à court terme hélas). La France, à cet égard, n'a pas à rougir de sa politique vaccinale. C'est vrai qu'il y a eu un démarrage lent, mais cette lenteur n'était pas un problème français, c'est simplement un problème d'approvisionnement du fournisseur. Les structures, surtout basée par les collectivités territoriales, sont prêtes à vacciner massivement depuis longtemps (le record a été de plus de 500 000 en une journée).
Le seuil de 10 millions de personnes vaccinées en première injection prévu pour le 15 avril 2021 a été atteint avec une semaine d'avance. Au 13 avril 2021, plus de 11,2 millions de Français ont eu leur première dose, cela commence à devenir important (environ 17% de la population nationale). On voit les effets dans les EHPAD où les résidents ont été vaccinés avec un taux d'environ 90%, et aujourd'hui, il n'y a quasiment plus de mortalité dans ces établissements (alors qu'auparavant, un tiers des décès provenait des EHPAD).
Cette source d'optimisme n'est pas vaine malgré le variant brésilien. Même s'il progresse plus lentement que le variant anglais, il y a des risques, malgré toutes sortes de mesures de fermeture des frontières, de fermeture de liaisons aériennes, que le variant brésilien continuera à circuler même en Europe (aux Pays-Bas, il serait déjà à 7%, et pourrait être majoritaire dès le mois de mai). Mais les vaccins à ARN messagers restent efficaces contre tous les types de variants, car ils sont capables de s'adapter très rapidement aux nouveaux variants (il faut environ deux ou trois mois de développement).
Vouloir rendre obligatoire la vaccination est illusoire quand ceux qui veulent être vaccinés ne peuvent pas encore être honorés. Et si le taux de vaccination volontaire est suffisamment important, il n'y a nul besoin sanitaire à rendre la vaccination obligatoire. En revanche, la vaccination restera dans tous les cas fortement recommandée, car le virus continuera encore longtemps à circuler dans le monde, et ne sera alors contaminée que cette faible minorité de rebelles aux vaccins. Ils apprendront alors à leurs dépens, hélas, que cette maladie existe réellement et que c'est une belle saloperie...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (13 avril 2021)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
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Le vaccin russe Sputnik V.
Le "chemin d'espoir" d'Emmanuel Macron.
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Témoignage : au cœur d'un centre de vaccination contre le covid-19.
Tribune de 41 médecins du 28 mars 2021.
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Alors, confinement ou pas confinement ?
Gilbert Deray.
Covid-19 : un an après, toujours le cauchemar ?
Covid-19 : le mot interdit.
Les jeunes, génération sacrifiée ?
Covid-19 : 100 000 décès en France, 1 million en Europe
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20210413-covid-dc-deces.html
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2021/04/13/38917807.html


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