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Diaspora : L’indignation de la diaspora après la mort de Mendo Ze

Publié le 16 avril 2021 par Tonton @supprimez

Des exilés du triangle national sont abasourdis par la manière dont le gouvernement et le président Paul Biya ont laissé mourir l’ancien directeur général de la Cameroon radio and television(Crtv), le 9 avril dernier.

Dimanche 4 avril. Il est exactement 11h25. Je reçois en vidéo « Le Christ est ressuscité », cantique interprété par la Voix du Cénacle du Prof Gervais Mendo Ze. Le commentaire qui accompagne l’envoi « Joyeuses fêtes de Pâques. Merci au Professeur pour cette belle chanson », sonne comme un hommage avant l’heure. Cinq jours plus tard, nous apprenons la nouvelle tant redoutée. Nos compatriotes de l’hexagone sont submergés par l’émotion. « Je garde du Professeur Mendo Ze, l’image d’un brillant intellectuel, de quelqu’un de bon, mais énigmatique. Comme la plupart des hommes africains de pouvoir, il n’a pas su incarner la nation mais plutôt la tribu. Il a été très généreux envers ses proches, ceux qu’il considérait sûrement comme des amis et qui l’ont malheureusement lâché au pire moment ». Hilaire Sopié, producteur audiovisuel en région parisienne, salut notamment l’action de ce monument de la culture qui a « su hisser au zénith le Bikutsi, danse traditionnelle Ekang, mais en pensant tuer le Makossa ». Louis Magloire Keumayou, président du Club de l’Information africaine, déplore lui-aussi une grande perte pour la Cameroun et indexe les conditions indignes dans lesquels Gervais Mendo Ze a été abandonné à son triste sort avant de rendre son dernier soupir.

« Comme une vermine »

« Charles Ndongo, le Directeur général de la Crtv, affirme que le président Paul Biya avait accordé sa grâce au professeur Gervais Mendo Ze quelques temps avant sa mort. Sauf que l’on ne trouve nulle part trace de cette décision. C’est honteux pour les autorités camerounaises d’avoir laissé mourir de cette manière M. Mendo Ze », s’offusque Louis Magloire Keumayou, rejoignant ainsi le sentiment de nombre de nos compatriotes expatriés : « Parfois, même les animaux ont plus de respect entre eux que les êtres humains. Qu’est-ce que ça coûtait au président de la république de gracier le Professeur Mendo Ze si ce n’est la peur de mécontenter une partie des courtisans du régime ? Il a préféré rester spectateur de sa décrépitude, le regarder finir comme une vermine. Un chef d’Etat digne doit savoir faire preuve de compassion, d’humanisme, aux yeux de son peuple. A moins qu’il ne soit plus capable d’éprouver la moindre émotion. Ce qui serait tout aussi inquiétant quant à son maintien au pouvoir », lance amère, Rose M., dans les Hauts-de-France. Quant à Hilaire Sopié, il conclut : « Le Professeur Mendo Ze a eu une triste fin que je n’aurais jamais aimé voir. Si j’étais à la place des décideurs, de ceux qui détiennent le pouvoir de décisions, j’aurais donné une chance pour les soins au Professeur malade. Pour moi, c’était un grand homme de Lettres, mais un mauvais gestionnaire ».

Le Prof Gervais Mendo Ze, créateur de l’une des chorales dont la célébrité a largement dépassé les limites du Cameroun et de l’Afrique, a définitivement suspendu son souffle, baissé les bras et rangé ses mimiques et sa gestuelle si légendaires dans un tiroir, pour l’éternité. Certes, l’homme qui pendant deux décennies a contribué à façonner une certaine image du Cameroun et du chef de l’Etat, a perdu de sa superbe depuis son arrestation, en 2014, son placement à la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé, puis sa condamnation le 19 mars 2019 à 20 nans de réclusion pour détournement de 18 milliards de Francs CFA de budget de fonctionnement de la télévision nationale en 2004 et 2005. Avec son décès, le 9 avril dernier, c’est un peu de la voix du Cénacle qui s’éteint. Repose en paix Prof ! Sans rancœur vis-à-vis de ceux qui, cyniques, adeptes de manigances, machiavéliques à souhait, feignent d’oublier que nous sommes tous de passage sur terre et que nous nous retrouveront, inévitablement, là où vous nous avez devancé.

Jean-Célestin EDJANGUE


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