"C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire en possession d'une honnête fortune doit se mettre en quête d'une épouse." Voilà comment commence le roman d'une chasse à l'homme.
Il se passe au temps des guerres napoléoniennes. Mais on n'en parle pas. Toute la question est de savoir comment les cinq filles d'un gentleman vont parvenir à se marier. Car, il y a péril en la demeure. Si le gentleman venait à décéder, sa propriété et ses rentes iraient à un cousin, et sa famille et ses filles se trouveraient dans la misère. Or, voilà que vient s'installer dans les environs un jeune gentleman, riche, et beau, et son ami, encore plus riche, et plus beau. Mais extrêmement fier, et plein de préjugés. Car le livre porte bien son titre, c'est une question de préjugés et de fierté.
L'héroïne est probablement à l'image de son auteur : son charme irrésistible vient de son esprit, plus que de son physique, et de sa liberté. Elle aussi est fierté et préjugés. Mais, en plus, elle a de terribles handicaps. Il faut l'aveuglement de l'amour pour accepter d'introduire dans la haute société, une mère insupportable, de jeunes écervelées et toute une clique de parents incultes. Et, par dessus le marché, devenir le beau-frère d'un viveur, dont on doit éponger les dettes et corriger les incartades.
Comme chez Corneille, toute la question est de savoir comment ces deux personnes, attirées l'une par l'autre, vont parvenir à faire coïncider leurs aspirations et leur honneur. Le style de l'écriture, d'ailleurs, est proche de celui du 18ème siècle français.