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Crime de lèse-majesté

Publié le 19 juillet 2008 par Jbernard
Peut-on rire de Barack Obama ? C'est la très grave question que c'est posée cette semaine la presse américaine. Un dessin en couverture du magazine The New Yorker est à l'origine de ce débat. On y voit le candidat démocrate enturbanné avec son épouse Michelle, armée d'un AK-47, à la Maison Blanche avec un drapeau américain brûlant dans la cheminée et un portrait d'Oussama ben Laden accroché au mur. Attention, pour ceux qui prennent tout au premier degré (vous êtes certainement très nombreux), il s'agit d'une satire des rumeurs colportées par une partie de la droite américaine sur Obama, tout cela à cause de son deuxième prénom, Hussein.
Honnêtement, il est vraiment difficile de prendre ce dessin au premier degré quand on connaît le New Yorker. Il n'y a pas plus gauche intello que ce magazine. Vous ne risquez pas de voir la malheureuse chanteuse Britney Spears, abonnée des pages à scandale de la presse people, prise en photo par un paparazzi en train de lire ce magazine. Le New Yorker ne contient quasiment pas de photos et les articles sont très, très longs (et excellents par ailleurs). Et si vraiment vous trouvez une photo de Britney Spears lisant le New Yorker, c'est qu'elle est certainement truquée (il pourrait même s'agir d'une satire). Donc, en gros, les lecteurs du New Yorker sont des gens qui à une très forte proportion voteront certainement Obama les yeux fermés et il est très peu vraisemblable qu'ils aient pris la couverture au premier degré.
Une fois connu ce contexte, la campagne Obama a semble-t-il vraiment surréagi. Elle est montée au créneau et a qualifié la couverture "de mauvais goût et d'insultante". Mais elle lui a donné ainsi une publicité qui n'en méritait pas tant. Beaucoup d'Américains qui n'ont jamais vu de près ou du long une couverture du New Yorker sont désormais au courant du dessin. Pour la campagne Obama, il ne s'agit sans doute pas de "terroriser les terroristes" à la manière de George W. Bush mais de terroriser la gauche intellectuelle. Rien de plus efficace que de réussir à la culpabiliser pour qu'elle marche bien droit et applaudisse à l'unisson le leader charismatique. Les Obamalâtres ont sonné la charge. Jonathan Alter, éditorialiste dans Newsweek, affirme que "la couverture du New Yorker ne fait que renforcer les stupides rumeurs sur Obama". D'autres se sont montrés plus circonspects. "Ces huits ans de W. et de Cheney ont-ils enlevé aux électeurs démocrates leur sens de l'humour?", se demande l'influente éditorialiste du New York Times, Maureen Dowd, qui a quasiment fait campagne pour Obama lors des primaires démocrates face à Hillary Clinton (elle était surtout plutôt anti-Clinton). Autre explication selon elle :Obama voudrait être trop parfait et ne supporterait aucun accroc à son image. "Si l'impression dominante le concernant est que vous ne pouvez pas faire des plaisanteries à son sujet, l'air de sa campagne pourrait devenir irrespirable", écrit Dowd.
Mais l'explication de la réaction de la campagne Obama se trouve peut-être dans l'article publié dans le même numéro du New Yorker. "Peut-être le plus grand malentendu concernant Barack Obama est qu'il est une sorte de révolutionnaire anti-establishment. Au contraire, chaque étape de sa carrière politique a été marquée par un empressement à s'accommoder des institutions existantes au lieu de les démolir ou de les remplacer... Il a toujours fait de la politique en suivant les règles existantes et non comme il aimerait qu'elles soient. Il fait campagne comme un outsider mais il a réussi en maîtrisant les règles du jeu", écrit l'auteur de l'article, Ryan Lizza. C'est peut-être cela qui est dangereux pour Obama. Que les lecteurs du New Yorker se mettent à douter de lui. Les beaufs racistes, il s'en fout, ils ne lisent pas le New Yorker.
Et dans tout cela John McCain ?
Heu, vous parlez de qui ?

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