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Les sociétés modernes doivent-elles renoncer à leur liberté pour préserver la planète?, une conférence de Ferghane Azihari

Publié le 29 avril 2021 par Francisrichard @francisrichard
Les sociétés modernes doivent-elles renoncer à leur liberté pour préserver la planète?, une conférence de Ferghane Azihari

Le 28 avril 2021, à 20 heures, l'Institut Libéral recevait en ligne Ferghane Azihari pour une conférence Zoom sur le thème:

Les sociétés modernes doivent-elles renoncer à leur liberté pour préserver la planète?

Le conférencier est coordinateur de l'Académie libre des sciences humaines. Il ne remet pas en cause le réchauffement climatique d'origine anthropique, ce qui ne l'empêche pas de s'opposer à l'écologisme, c'est-à-dire à l'écologie politique.

Le marxisme a échoué parce que le collectivisme appauvrit tandis que le marché libre apporte la prospérité. L'écologisme a repris le combat contre le capitalisme non pas parce qu'il réussit mais parce qu'il détruirait l'harmonie de la nature.

Cette idée rousseauiste n'est pas neuve. On la trouve sous la plume de Marshall Sahlins dans son livre, L'économie des chasseurs-cueilleurs, publié en 1974, où il soutient que celle-ci était plus harmonieuse que celle de l'agriculture.

Cet auteur ne dit pas que, pour assurer leur survie, ces pré-modernes se livraient à l'infanticide afin de limiter leur population et que c'étaient des pollueurs: la pollution de l'atmosphère, par exemple, résultait de leur combustion du bois.

Cette pollution, qui caractérise aussi l'Antiquité et le Moyen-Âge, est toujours actuelle. On la retrouve dans des pays pauvres, notamment en Afrique subsaharienne. C'est là que l'on voit que la technologie est la variable la plus déterminante.

En effet, aujourd'hui, ce sont les pays les plus pauvres de la planète qui dépendent le plus des énergies fossiles. Dans les pays les plus riches, l'énergie nucléaire émet moins de gaz à effet de serre, ce dont des écologistes ne disconviennent pas.

Paul R. Ehrlich et André Gorz, par exemple, considèrent que le capitalisme est un système assez plastique, mais qu'il pose des problèmes éthiques. Pour l'abattre, leur critique n'est pas technique mais morale, réactionnaire et puritaine.

Dans La bombe P, paru en 1968, Ehrlich met en garde contre la surpopulation due au capitalisme: famine et pénurie de ressources en seraient les conséquences. C'est le contraire qui s'est produit: la population a augmenté, la misère a reculé.

On savait pourtant depuis Cantillon, Say et Bastiat que l'homme n'est pas seulement un consommateur mais qu'il est aussi un producteur. Il ne consomme pas seulement des ressources, il en crée bien d'autres, ce grâce à la technologie.

Ces partisans de la décroissance s'opposent à l'énergie nucléaire, quasiment illimitée, par idéologie. Ehrlich emploie une image forte: c'est mettre une mitraillette entre les mains d'un enfant idiot, alors qu'elle permet de sortir de la pauvreté...

Les pays riches s'en sortent mieux que les pauvres. Ils sont mieux à même de s'adapter au changement climatique: les Pays-Bas ont montré la solution à la montée des eaux; les États-Unis résistent mieux aux ouragans que le Bangladesh.

Les partisans de la décroissance remettent en cause la légitimité de l'homo sapiens à domestiquer la nature et veulent mettre fin à ses prérogatives sur elle. Michel Serres parlait des droits de la nature comme s'il s'agissait d'une personne.

Or la Nature, avec un grand N, n'existe pas. La nature idéale ne peut être définie. La nature n'est ni vierge ni stable. La science écologique montre, au contraire de l'écologisme, qu'elle est sujette à des évolutions et à des mutations en permanence.

Pendant trente à quarante ans, les écologistes ont eu le monopole du discours en matière d'écologie. C'était un discours anticapitaliste, anti-libéral, où homo sapiens était accablé pour son comportement immoral à l'égard des autres espèces.

D'aucuns animés par un bio-égalitarisme en venaient même à dire que parler d'environnement était faire une lecture anthropocentrée. Car le mot environnement ne pouvait se concevoir que comme l'espace dans lequel l'Homme se meut. 

En fait la nature est mieux protégée par les droits de propriété que par les politiques publiques quelles qu'elles soient: seul un propriétaire, parce qu'il en est responsable, peut optimiser l'occupation de ses terres grâce au progrès technique.

L'agriculture moderne, à laquelle sont opposés les écologistes, permet de réduire la superficie des terres cultivées, au contraire de l'agriculture bio qui a leur préférence. La domestication des espèces sauvages permet de les préserver etc.

Le progrès technique n'est possible que si sont préservées les libertés d'entreprendre et d'innover, si les droits de propriété sont respectés. Face aux défis climatiques et environnementaux, il ne faut donc pas renoncer à la liberté, au contraire.

Francis Richard


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