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Séries et sévices publics

Publié le 28 juillet 2008 par Tao

A l’heure où l’on parle beaucoup du statut de France télévisions et de la suppression de la publicité sur le service public français. Je me suis posé la question de la place des séries télévisées américaines sur les chaînes publiques françaises mais aussi belges.

Tout d’abord, je me pose la question de savoir en quoi un genre télévisuel serait plus l’apanage d’un type de chaîne plutôt que d’une autre. Selon moi, un documentaire ne doit pas forcément se retrouver sur le service public et la télé réalité du côté du privé. Après tout, le pire comme le meilleur peut ressortir de tout type programme. Cela dépend comment le format est utilisé. La série US est habituellement dévolue aux télés privées dans l’imaginaire collectif car forcément liées aux chaînes commerciales américaines vue comme le diable par une certaine classe de (pseudos) intellectuels. Hors, on le sait depuis pas mal d’années déjà, les séries télés ont beaucoup évolués. Fini le temps des Dallas ou d’Amicalement votre aux scénarios simplistes. Aujourd’hui les séries s’étendent des seins siliconés de Las Vegas jusqu’au intrigues feutrées de Damages. Bref un panel extrêmement large où peuvent parfaitement se retrouver télévision publique et privée telle qu’on l’entend en Europe. Ainsi, on pourrait si on le veut catégoriser les séries en fonction de leur profil davantage privé ou public. Quelques exemples ? Urgences est clairement une série France 2 par son traitement de fond du milieu hospitalier américain, idem pour le très intello Six feet under. Là où des séries plus légères comme Grey’s anatomy ou Heroes se retrouvent plus facilement sur TF1. Une catégorisation qui pose parfois problème au point de créer une sorte de barrière infranchissable. Ainsi The OC (Newport beach) n’a jamais su s’imposer sur France 2, là où il est certain que la série aurait cartonné sur TF1 car relativement proches des Dawson ou Frères Scott ayant bien fonctionnés sur la chaîne privée. Les chaînes belges viennent pourtant brouiller les cartes, Urgences ou Six feet under étant diffusé sur RTL et ses chaînes dérivées avec plus ou moins de succès. 6FU dont les deux premières saisons avaient été diffusée le samedi en prime sur Club RTL face à la Star ac’ de TF1 d’ailleurs.

Les séries télés sont surtout considérées par les dirigeants de France télévisions comme un produit bas de gamme indigne de l’exception culturelle française. Hors il y a un paradoxe, quand France 2 arrive à battre TF1 en soirée, c’est souvent grâce à l’utilisation d’une série télé comme FBI portés disparus ou Cold case (ce qui fut le cas encore ce dimanche 20 juillet). Un succès qui a tellement agacé TF1, a poussé la chaîne à sacrifier son sacro saint film du dimanche pour le remplacer par les désormais classique “ Experts ” de Grissom à Oratio. Serait il devenu aussi honteux de faire de l’audience aux yeux de Patrick De Carolis ? Serait ce perçu par l’Elysée comme voler des parts de marché aux vaillantes chaînes privées n’ayant que la publicité pour vivre ?

On peut également se demander en quoi le divertissement sur le service public serait un péché. Il y a des divertissements intelligents qui ne sont pas uniquement vides cervelles. Le tout est souvent dans le ton et la manière d’aborder ses émissions. Car si on y pense bien, “ Fort Boyard ” ou les émissions de Ruquier ne sont pas spécialement étiquetées avec une mission de service public. Pourtant elles ne sont pas méprisées car présentes à l’antenne depuis des années. Mais dès qu’on a évoque le mot série télé, on a l’impression d’avoir dit un gros mot. Car aussi sophistiquée soit elle, une série, c’est avant tout considéré comme un divertissement.

Certes, Rome et les Tudors ne remplaceront jamais un documentaire d’autant plus auprès des puristes qui les snoberont car trop violente ou prenant trop de largesse avec l’histoire avec un grand H. Néanmoins, il ne me viendrait jamais à l’idée de regarder un documentaire de 12 heures sur la Rome antique et pourtant j’ai regardé la série de HBO avec passion. Conscient d’une histoire davantage romancée mais qui offre malgré tout un regard sur Rome que l’on ne trouvera jamais dans un livre d’histoire “ scolaire ” et qui pourtant est une réalité. Ça peut également pousser le public a s’intéresser à cette période de l’histoire après avoir suivi la série. Dans le même genre, je ne regarderai pas un documentaire sur l’Islam ou ne lirait le Coran. Pourtant, Sleeper cell offre une vision pour le moins contrastée de la religion islamique particulièrement saisissante, osant faire la différence entre Islam et islamisme radical. Parlant de l’Islam du point de vue des musulmans ce qui se fait rarement, y compris dans les journaux télévisés dits “ sérieux ”. Une telle fiction amène forcément à réfléchir, on ne peut rester indifférent devant elle. Et c’est tout à l’honneur de la RTBF d’avoir proposé la saison 1 en prime time sur la Deux il y a quelques mois.

La vision est pourtant un peu différente sur le service public belge. La RTBF n’a pas honte de diffuser des après midis séries sur La Deux la semaine ou le week end, même si cela peut s’apparenter à une programmation bouche trou à certains moments. Il y a près de 10 ans, la RTBF diffusait une trilogie série le dimanche soir (Le caméleon, Profiler et Homicide). En quoi ce qui était permis il y a quelques années ne le serait plus maintenant ? D’autant plus que le succès des séries télés en prime time n’est pas nouveau en Belgique. RTL diffusait déjà Melrose place ou le Docteur Quinn en soirée à l’époque où ces séries étaient encore en production. Finalement le manque de “ grosses ” séries us sur les chaînes publiques belges de la RTBF est surtout dû à un manque de moyens financiers, mais le rachat du contrat Warner permettra sans doute d’en voir davantage, à condition que celles ci soient bien exploitées. Cela permettra quelques belles surprises comme récemment la sympathique série “ Miss match ” trop longtemps ignorée et diffusée cet été uniquement pour une question de fin de droits.

En conclusion, je pense fondamentalement que les séries télés américaines ont leur place sur le service public sans pour autant construire leur grille autour d’elles comme peuvent le faire les chaînes privées. De plus les séries populaires peuvent également servir de produit d’appels afin de faire venir le téléspectateur sur la chaîne pour ensuite le faire rester en lui faisant découvrir autre chose Comme tout, c’est une question de dosage et qui dit chaîne généraliste dit également qu’il faut offrir au public tous les types de programmes sans dédaigner un genre. On peut par contre craindre pour le traitement de séries plus haut de gamme comme Mad men ou Pushing daisies. Pour cette dernière TF1 a déjà dit qu’elle n’en voulait pas, considérant que son public n’est pas assez intelligent pour adhérer à cette série (gloups !). Quant à Mad men, elle a le profil de la télé publique mais si elle est diffusée un jour sur France 2, elle le sera sans doute en plein milieu de la nuit comme ont pu l’être les Soprano et The west wing, cherchez l’erreur.

Cet article est également disponible sur Serieslive

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