L'évocation du terme d'Intelligence Artificielle réveille de nombreuses peurs et agite les fantasmes des esprits les plus imaginatifs.
Pourtant aujourd'hui, à l'ère du tout digital et de l'automatisation à tous les niveaux, l'IA et les nouvelles technologies sont en passe de briser la notion de barrière.
C'est un rêve partagé pour les hommes depuis des millénaires et dopé par une société reposant sur le libre-échange : briser la barrière des langues.
Comment l'Intelligence Artificielle révolutionne-t-elle les techniques et technologies de traduction ? Les résultats sont-ils à la hauteur de ce qu'on peut espérer ?
Tour d'horizon des dernières avancées en matière de traduction automatique.
Les agences de traduction, pionnières dans le recours à l'Intelligence Artificielle
Aux origines du Deep-Learning : la Guerre Froide
Un petit bond dans l'histoire permet d'avoir un aperçu des enjeux que représentent les systèmes automatisés de traduction.
Durant la Guerre Froide, l'agence de traduction chargée d'intercepter les messages émis et reçus par le camp adverse jouait un rôle crucial pour garder un coup d'avance sur son voisin.
Une anecdote illustre parfaitement l'état des systèmes de traduction alors implémentés : la phrase "L'esprit est ardent, mais la chair est faible" tirée de la bible fit deux allers retours transatlantiques et le résultat final apparut comme suit : "la vodka est bonne, mais la viande est pourrie".
On pourrait considérer que cette traduction approximative serait le résultat d'une localisation culturelle bien établie, mais au lieu de ça, il faut en conclure que la traduction littérale a ses limites que seul l'homme peut discerner.
Quel lien entre circuit neuronal et traduction ?
Les agences de traduction et entreprises linguistiques ont par la suite été les premières à utiliser l'automatisation des processus informatiques à grande échelle.
De là est né le deep-learning, dont les prémices remontent également aux années 1960, il s'agit de recréer des réseaux neuronaux, chaque "neurone" s'apparentant à une cellule capable d'interagir avec la suivante, et ainsi créer une architecture de données en constante amélioration, apprenant de la précédente.
Aujourd'hui, les agences linguistiques maîtrisent cette technologie et l'Intelligence Artificielle leur fournit la capacité d'améliorer significativement leurs méthodes de travail, tant en termes qualitatifs que quantitatifs.
Une simple requête "Traduction" sur Google permet de se rendre compte de la proéminence des systèmes de traduction automatisés parmi les services proposés.
Les prestataires linguistiques offrent désormais des traductions localisées et ce, dans des délais records . Et bien souvent, la promesse est respectée !
Les systèmes de traduction neuronale d'aujourd'hui permettent en effet de "comprendre" la tonalité et le message principal d'un texte afin d'en retranscrire le plus fidèlement les idées.
Cette efficience s'appuie sur la capacité des systèmes de traduction à cerner le champ sémantique d'un document et ainsi d'adapter le vocabulaire adopté.
Pour illustration, prenons l'exemple d'un texte relatif au jardinage, ici le mot "terre" n'a rien à voir avec notre Planète Bleue, et une traduction littérale du français vers une autre langue n'aurait aucun sens pour un lecteur anglophone ou germanophone. Le deep-learning démontre ici toutes ses capacités à traiter un sujet en évitant la traduction mot-à-mot, qui a toutes les chances de dénaturer complètement les intentions de départ de l'auteur.
Voilà pour les performances qualitatives offertes par l'Intelligence Artificielle en matière de traduction. Pour ce qui est de l'aspect quantitatif, l'IA et les technologies d'automatisation permettent aux agences de traduction de doper considérablement leurs capacités à traiter de fort volumes.
Autre mot tendance mais qui est également au cœur des travaux de traduction : le Big Data.
L'humain à lui seul est incapable de prendre en charge les volumes de données aujourd'hui en circulation et utilisés par les entreprises. Toutes les informations sont croisées, entrecroisées et forment une masse que notre oeil est incapable de déchiffrer.
L'Intelligence Artificielle, à partir de modèles en constante évolution, permet aux prestataires linguistiques de gérer des quantités astronomiques d'informations, d'en appréhender la signification et ainsi de traduire ces données dans toutes les langues.
Traduction humaine et traduction automatisée : contraires ou complémentaires ?
L'intervention humaine, indispensable à la localisation
À première vue, ce fort taux d'automatisation pourrait laisser penser que l'humain n'a plus sa place dans ce processus de traduction et d'interprétation.
Mais il n'en est rien. Bien que la traduction neuronale offre un gain de temps considérable aux agences de traduction, l'intervention de l'Homme est indispensable à l'amélioration et la constance des résultats délivrés.
Cette intervention humaine est connue sous le nom de post-édition, qui suit de manière directe le travail fait par la machine.
Afin de conserver un niveau au plus proche du naturel, chaque document traduit doit encore passer entre les mains d'un correcteur-éditeur humain afin d'être validé et corrigé au besoin.
C'est justement ce travail de correction qui permet à la machine de s'améliorer et de gagner en performance.
La localisation, principal enjeu à venir pour les agences de traduction
La localisation, c'est l'adaptation culturelle d'un texte et d'un document traduit.
Une traduction automatique, même lorsqu'elle respecte le champ sémantique d'une thématique, doit toujours être éditée de manière à coller au plus près des us et biais culturels d'un public.
Les consommateurs et internautes actuels sont sollicités en permanence par des messages publicitaires et informations. Le marketing one-to-one, qui vise à personnaliser au mieux les interactions entre annonceurs et cibles, est la pierre angulaire de cette nécessité d'adapter au mieux les messages délivrés à une audience.
C'est cette adaptation culturelle et la volonté des marques et communicants de délivrer un message qui parle véritablement à leur audience qui sert de moteur à l'amélioration des technologies de traduction, et ainsi à la prépondérance de la localisation.
Intelligence artificielle : une perspective d'avenir pour les agences de traduction ?
Les technologies de traduction neuronale vont-elles bientôt permettre de se passer de l'intervention humaine ? Rien n'est moins sûr.
Néanmoins, les projections actuelles permettent d'envisager que dans les années à venir, les techniques et résultats continueront de s'améliorer.Si le sujet vous intéresse, nous vous recommandons la lecture de ce résumé des travaux de recherches menés à l'Université de Montréal sur les évolutions à venir pour les métiers de la traduction.