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Chroniques d’un anthropologue au Japon (44)

Publié le 05 mai 2021 par Antropologia

TRIOLOGIE (2)

Pollutions

Civilisation progressive du français, niveau débutant, page 100, CLE international, 2010. Une plage de rêve, palmiers, eau cristalline. Au premier plan, une crotte. De chien sûrement. Dégoûtant ? A Paris aussi ! Les déjections canines représentent une pollution. Proclame l’affiche. Sur la page voisine, l’étudiant doit répondre à la question :  Pourquoi la mairie de Paris propose-t-elle une publicité si violente ? L’étudiant ne comprend pas. Et pour cause. Il faut d’abord accepter un nombre conséquent de présupposés pour répondre à une telle question. Que les grandes villes en France auraient un problème avec les crottes de chiens. Qu’il paraîtrait incongru ou choquant de trouver une déjection sur une plage. Finalement que la dite déjection serait une pollution.

Je suis assez mal placé pour aider mon étudiant, car si la crotte est effectivement gênante, sous le pied, puis écrasée sur la moquette de la bibliothèque de l’université, elle ne constitue pas encore, selon moi, un élément polluant. Par pollution, je pense que l’on peut s’accorder sur la définition suivante, que l’on entend tout phénomène de saturation d’un environnement donné par une substance issue d’un procédé chimique généré par l’homme, qui a des conséquences néfastes sur la faune ou la flore. La crotte de chien n’est ni une substance artificielle, ni un risque pour la vie. Elle est au contraire un élément parfaitement naturel, perdu dans un univers urbain rempli, lui, d’artifices. Les Parisiens semblent ne pas savoir non plus que les plages en réalité grouillent de matières fécales de toutes sortes et toutes tailles. Je le sais pour avoir souvent creusé le sable des plages landaises.

Rémi Brun


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