Déterminée à trouver des antidotes à ces maux qui dégradent l’harmonie sociale, la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et le multiculturalisme (Cnpbm) a proposé lors d’un colloque, un ensemble de tactiques qui se résument pour l’essentiel à pénaliser le discours haineux et xénophobe dans le but d’échapper à l’embrasement.
Organisé les 05 et 06 mai dernier, dans le cadre de la deuxième campagne de communication patronnée par le chef de l’Etat, la Cnpbm était en quête de méthodes efficaces pour combattre les discours de haine. C’est ce qu’il faut retenir d’un symposium de deux jours qui s’est tenu au palais des congrès à Yaoundé. De façon pratique, il était question avec le comité scientifique national et d’autres têtes couronnées de la pensée, d’identifier les ténors de ces discours. Aussi indiquer les domaines de présélection, mais surtout de trouver une solution drastique contre ces deux fléaux devenus ubiquistes dans le secteur de la communication électronique, des réseaux sociaux. Ce, dans la perspective de concevoir des stratégies préventives et curatives adaptées pour lutter à cours, moyen et à long terme contre cette calamité.
L’observation de la carte des foyers de tension dans le pays, la multiplication des discours de haine (menaces de guerre), leur amplification par les médias et le partage impulsif dans les réseaux sociaux donnent l’impression que le compteur de morts s’affole, et que le pays dépérit. Pour le Pr. Elvis Ngolle Ngolle, les discours de haine et de xénophobie sont le vecteur de replis identitaire qui conduit à la suspicion, à l’exclusion, au rejet de l’autre et à la radicalisation. « Nous avons jusqu’à présent mener une vaste campagne dans les journaux, à la radio, à la télévision, sur les panneaux d’affichages ainsi que sur les plateformes des médias sociaux. Cette phase de la campagne nous a permis de toucher des centaines de milliers des Camerounais avec des messages contre des discours de haine et de la xénophobie ce, dans le souci de consolider notre unité dans sa diversité. Passé cette étape, il faut agir », a indiqué Peter Mafany Musongue dans son discours liminaire du 5 mai dernier.
Expertises et laboratoire d’idées
Avec 33 propositions et recommandations ayant sanctionné ces assises, il faut préciser que leur applicabilité et leur concrétisation découleront de la volonté politique. Mais comment le pays est-il arrivé là ? Selon les professeurs Mbonji Ejenguèlè et Paul Abouna, il faut voir ce désastre d’un œil anthropologique. Pour eux, selon la logique relative aux alternymes et de représentations à polarité ostracisant et clivant, il est permis d’être optimiste à plus d’un titre dans ces élans du vivre ensemble. D’ailleurs, si l’altérité assigne à la différence moquée, parfois ostracisée, elle s’offre aussi comme vecteur d’une dynamique d’investissement du patriotisme ethnique, de la diversité au fin d’échapper à la pléomorphisation. Une logique que partage leur collègue, le Pr. Emmanuel Yenshu Vubo qui articule sur les clivages ethno-régionaux à caractère socio-politique « Il est nécessaire de déconstruire les groupes, de réorienter les perceptions publiques et de dépolitiser l’identité ». Au clair, comment comprendre la complexité des juges à laisser la situation atteindre le seuil critique sans droit dire ?
Le Pr. Laurent-Charles Boyomo Assala pour le compte des professionnels de la plume, va poser un regard influent sur les normes établies. La logique pénale approche le problème sous l’angle de la sanction, mais s’appuie pourtant sur l’objet langagier dont la plasticité autorise des tours et détours en rendant difficile l’établissement des atteintes au vivre ensemble. L’article entend questionner les contours haineux dans une visée de la mise en évidence des défis de la praxis langagière posés aux textes de droit. Il s’appuis sur des exemples puisés dans la sphère médiatique, bien que difficile à isoler le discours outrageux prononcé sous le cap d’une liberté d’expression. Au demeurant, du nom grec demos Kratos pouvoir du peuple, la démocratie qui est le gouvernement par le peuple s’oppose donc l’aristocratie, la théocratie, la monarchie, l’oligarchie et
l’anarchie.