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HPI (Saison 1, 8 épisodes) : haut potentiel Audrey Fleurot

Publié le 11 mai 2021 par Delromainzika @cabreakingnews

HPI est un véritable phénomène comme on en voit rarement. Du haut de ses onze millions de téléspectateurs (grâce au replay), la série est devenue la surprise de cette année à laquelle même TF1 ne devait probablement pas se douter. Mais pourquoi HPI fonctionne aussi bien ? Si la série est assez classique dans son emploi de la formule policière, elle bénéficie d’un atout de taille : Audrey Fleurot. Cette dernière, sous ses traits d’anti-héros s’amuse avec son franc parler, sa façon de toucher à tout pour ne pas respecter la procédure et forme un duo assez attachant avec le flic qui lui sert (clairement) de babysitter. Ce qui fait plaisir à voir avec HPI c’est l’héroïne Madame Toutlemonde. En dehors de ses capacités de déduction dû au fait qu’elle est « HPI » ou Haut Potentiel Intellectuel, c’est une femme comme les autres. Cela pourrait être votre voisine, vous-même, une personne que vous croisez dans la rue. Et c’est là que la formule fonctionne. Car dans le registre policier, HPI ne brille pas mais dans sa façon de parler des castes sociales au travers d’un personnage haut en couleurs fait plaisir. Son succès vient donc clairement du fait que Morgane est une femme entière.

La fascination que HPI créé autour de Morgane est dû au fait que tous les personnages sont présents. Il y a de la place pour tout le monde et surtout un besoin de chercher des réponses et de creuser chaque élément afin de faire éclore des faces à faces détonnants et réussis. Au delà de tout ça, les affaires bien que pré-fabriquées de façon ultra classiques permettent aussi de parler de sujets de société forts : l’injustice est d’ailleurs la figure de proue de la série. Car Morgane sent que parfois le suspect n’est pas le bon et veut, au nom de la justice, trouver le bon coupable. HPI se permet de faire des victimes ou des assassins des gens aussi désoeuvrés par moment afin d’apporter une sorte d’humanité au propos. C’est d’ailleurs dans cette légère subtilité que les affaires policières parviennent à devenir un peu plus intéressantes. La meilleure pour moi est celle que Morgane et Karadec mènent ensemble au bord de la Manche. La relation entre les deux personnages est exploitée à son paroxysme et permet aussi de bousculer les codes que la série s’est appropriée le reste du temps.

Bien entendu, pour accrocher le téléspectateur il fallait aussi un soupçon de feuilleton. Il faut bien alpaguer le chaland avec les éléments classiques du genre : tant la relation entre Morgane et Karadec qui ressemble à un jeu du chat et de la souris à celui qui embrassera l’autre le premier et le passé de Morgane. Tout cela est très classique et ressemble à tout un tas d’autres séries du genre mais l’inspiration la plus proche est probablement Castle (les deux séries parlent après tout d’un consultant pour la police afin de résoudre des affaires). En dehors de toutes ces petites enquêtes pas toujours brillantes mais suffisamment divertissantes il y a la vie personnelle de Morgane qui prend une vraie place et permet d’ajouter quelques références sympathiques à notre époque (en plus de celle de la famille recomposée). Il y a beaucoup de choses à aimer dans HPI, au delà d’Audrey Fleurot et des carcans policiers. Car la série va un peu plus loin que ce qu’il y a en surface et cherche à creuser des sujets forts à sa façon au travers du regard d’un personnage comme nous.

Le fait que Morgane Alvaro soit aussi intéressante est aussi grâce à Audrey Fleurot. HPI a clairement été conçue et articulée pour elle autour d’elle en utilisant le meilleur de ce qu’elle sait faire. L’actrice s’éclate et cela se ressent. Cette joie de vivre communicative fait aussi partie de ce dont les téléspectateurs actuels ont besoin de voir à la télévision. Tout est actuellement très anxiogène donc voir quelque chose de léger avec un personnage comme celui de Morgane fait plaisir à voir. HPI symbolise donc la série policière française assez basique (et la référence à Julie Lescaut à un moment n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd) mais qui grâce à ses personnages et ce dont elle traite parvient à faire quelque chose de plus original et électrique que la moyenne des séries policières françaises fait encore aujourd’hui. N’allez pas voir HPI pour réfléchir, mais simplement pour retrouver les adages policiers qui vous manquent probablement à la télévision sans se triturer les méninges. La bonne humeur de Morgane Alvaro vous donnera envie vous aussi de jouer à l’enquêteur ou l’enquêtrice, rendant ainsi HPI participative et amusante.

Note : 6.5/10. En bref, si la formule reste très classique, HPI va beaucoup plus loin par moment en utilisant un propos social fort et engageant

Disponible sur Salto - Diffusée les jeudis soir sur TF1 (final le 20 mai 2021)

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