Grazer Volksblatt du 10 mai 1881
Un article du Figaro du 12 mai 1881LE MARIAGE IMPÉRIAL (par dépêche télégraphique)Vienne, 10 mai.Toute la ville est sur pied depuis le lever du jour, et les rues sont encombrées de gens venus des provinces de L'Empire pour assister aux fêtes du mariage et voir de près la famille impériale, la blonde princesse et l'élite de l'aristocratie austro-hongroise.Peu après dix heures commence l'arrivée des somptueux équipages des archiducs, des principaux dignitaires et des membres du Corps diplomatique. Parmi ces derniers, on remarque surtout le magnifique carrosse de gala du comte Duchatel à la livrée rouge, suivi de trois superbes landaus contenant le personnel de l'ambassade de France.L'église des Augustins est merveilleusement décorée et toute tendue de tapisseries des Gobelins. Un gigantesque dais de velours a été dressé pour Leurs Majestés l'empereur François-Joseph, l'impératrice Elizabeth, le roi Léopold et la reine des Belges.A gauche de la nef, une immense tribune est déjà occupée par les nombreux dignitaires autrichiens, hongrois, croates, polonais, bosniaques en turban, les chevaliers de Malte, gardes civiques de Bruxelles, etc., etc.Dans la tribune de droite se tiennent les officiers généraux.A l'aide de fils nitrés, on allume simultanément les milliers de bougies des lustres de l'église et la députation bosniaque émerveillée ne peut retenir une bruyante exclamation en langue turque. A dix heures et demie, paraissent les dames des hauts dignitaires et du corps diplomatique, dont les toilettes sont l d'une richesse incomparable.On remarque surtout celles de la margrave Pallavicini, de la princesse d'Auersperg, comtesse Duchatel, comtesse de â" Montmorin, duchesse d'Abrantès, comtesse Suzannet, princesses Colloredo, Montenuovo, Kinsky, Clary etc., etc. Cinq minutes après, les membres de l'épiscopat autrichien, une trentaine d'archevêques et d'évêques, avec mitres et dalmatiques étincelantes de pierreries, se rangent de chaque côté de l'autel. Puis viennent les magnats hongrois et polonais, dont les costumes nationaux sont d'une éblouissante magnificence. A onze heures, le clergé de la paroisse des Augustins va recevoir le nonce du Pape, Mgr Vanutelli, et le prince Schwarzenberg, cardinal-archevêque de Prague, qui doit célébrer le mariage.Leurs Eminences sont suivies des cardinaux Simor, archevêque de Graz, Mihalowitz, archevêque d'Agram, et l'archevêque de Salzbourg.Les fanfares de trompettes annoncent l'approche du cortège. L'église se remplit bruyamment. `Les chevaliers de la Toison d'or paraissent les premiers, suivis des grands dignitaires de l'Empire, des Archiducs et des Princes étrangers.Le prince de Galles porte l'uniforme rouge de généralissime de l'armée anglaise. Le prince Guillaume de Prusse celui de général prussien,Viennent ensuite Son Altesse l'archiduc Rodolphe accompagne du contre-amiral comte Bombelles, grand maître de sa maison. L'empereur d'Autriche en uniforme de feld-maréchal avec le grand cordon de Marie-Thérèse et le roi Léopold en uniforme de général belge, avec le grand cordon de son ordre.L'impératrice Elizabeth en robe de satin gris perle avec traîne semblable, celle-ci couverte d'un voile de dentelle relevé ou plutôt drapé sur les bords le tablier, ainsi que la traîne, brodés de feuilles de chêne et laurier en argent fin corsage de satin plus foncé, garni de plaquettes d'argent ; sur la tête, un magnifique diadème.La reine des Belges, en robe de satin bleu foncé, traîne brodée d'arabesques ; la jupe de devant satin bleu plus clair, garnie de dentelles d'argent et de bandes de velours avec marabouts. Collet de dentelles d'argent avec agrafes de velours bleu.Les traînes de Leurs Majestés sont portées par quatre pages..La princesse Stéphanie se tient entre l'Impératrice et la Reine.Le Figaro a déjà donné là description de la toilette de la mariée. Rappelons seulement que la robe en drap d'argent toute brodée de roses, de myrte, de fleurs d'oranger et de laurier, est d'un effet très riche et très gracieux.La coiffure de la princesse se compose d'un splendide diadème de brillants et d'une couronne de myrte. Au corsage, un petit bouquet de myrte et de fleurs d'oranger..Le cardinal Schwarzenberg offre l'eau bénite à Leurs Majestés, ainsi qu'aux fiancés.Chacun prend place dans le chœur. L'archiduc Rodolphe et la princesse Stéphanie s'approchent, s'inclinent devant Leurs Majestés impériales et royales, et la cérémonie commence.L'ambassadeur de Belgique et la comtesse de Jonghe se tiennent derrière la princesse Stéphanie. Le comte Bombelles est derrière l'archiduc Rodolphe.Il fait une chaleur étouffante et l'affluence est tellement énorme qu'il est difficile de bien suivre la cérémonie religieuse. Je remarque seulement la cire des bougies du lustre qui se répand goutte à goutte sur les uniformes du comte de Flandres et autres personnages princiers.Les prières et le Te Deum qui terminent la cérémonie sont accompagnés par des salves d'infanterie et les sonneries des cloches de toutes les églises.Avant de quitter l'église, l'Empereur, l'Impératrice, le Roi et la Reine embrassent avec effusion les nouveaux époux. Leurs Majestés rentrent au château précédées par l'archiduc Rodolphe et l'archiduchesse Stéphanie, et suivies de la famille impériale et des princes étrangers.Après le retour au palais, un lunch est servi aux dames, et le corps diplomatique se dispose pour le cercle du défilé devant les époux. Mais, par suite de l'encombrement, les présentations sont devenues impossibles. L'archiduc et l'archiduchesse arrivent et adressent quelques paroles gracieuses aux ambassadeurs et aux ambassadrices qui nomment sommairement le personnel des ambassades.Voici quelques-unes des toilettes les plus remarquéesLa duchesse de Saxe-Cobourg, robe de velours ponceau, tablier satin plus clair, bandes de velours semées de roses thé. L'ambassadrice, comtesse Duchatel, a fait venir de Paris toutes ses toilettes. Celle d'aujourd'hui est une robe Louis XIV satin blanc brocart d'argent avec branchages en chenille multicolore, le tablier brodé en plein, traîne avec une bordure d'or, d'après un dessin du temps. Le corsage brocart d'argent à pointe ; le milieu garni de pierres précieuses, rubis et diamants. Comme joyaux, un diadème d'émeraudes et diamants ; colliers de perles, de diamants et de rubis ; bracelet grec en diamants et émeraudes. La comtesse de Jonghe, ambassadrice de Belgique, une traîne de brocart de velours grenat, entourée de dentelles, roses d'or sur fond de dentelle, robe de satin blanc, avec dentelles d'or, bandes latérales de dentelles. Les archiduchesses, en robes de satin gris, bleu, rose, ou moire blanche. Toutes les traînes ont réglementairement quatre mètres de long sur deux mètres cinquante de large, et se ressemblent quant à la forme. Seules les traînes hongroises montrent des broderies anciennes, le plus souvent d'origine orientale, rafraîchies par une dorure galvanique. Les coiffes hongroises sont généralement faites avec l'étoffe de la robe et garnies de dentelles d'or et d'argent, de fleurs ou de plumes et. de pierres précieuses. Presque toutes les dames ont des diadèmes. La plus grande partie de ces toilettes princières a été exécutée dans les ateliers d'une très grande maison française établie à Vienne.Les derniers équipages quittaient le palais impérial à deux heures.Ce soir, à six heures, dîner de famille, puis départ des jeunes époux pour Laxenbourg.Le temps est mauvais. Il fait froid.
** *Rodolphe. Les textes de Mayerling.
Les diverses versions du drame de Mayerling sont présentées dans le recueil Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020)Voici le texte de présentation du recueil (quatrième de couverture): Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute. Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :1889 Les articles du Figaro1899 Princesse Odescalchi1900 Arthur Savaète1902 Adolphe Aderer1905 Henri de Weindel1910 Jean de Bonnefon1916 Augustin Marguillier1917 Henry Ferrare1921 Princesse Louise de Belgique1922 Dr Augustin Cabanès1930 Gabriel Bernard1932 Princesse Nora FuggerLe dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook.Commande en ligne chez l'éditeur, sur des sites comme la Fnac, le Furet du nord, Decitre, Amazon, Hugendubel, etc. ou via votre libraire (ISBN 978-2-322-24137-8).