Cameroun – Intempéries : Les commerçants en difficulté

Le commerce ambulant est perturbé par les pluies depuis quelques semaines.

Sous un ciel sombre, c’est la pluie qui s’annonce. Nous sommes jeudi, dans l’après-midi. Des coups de tonnerre par ci, du vent part par-là, Bertrand Nguie, vendeur d’ananas tire son pousse-pousse. L’air anxieux, il redoute encore une autre pluie en cette fin de journée. « Depuis que les pluies ont commencé, j’ai des difficultés à écouler mes ananas. Il faut chercher un endroit pour s’abriter et ou ranger mon pousse-pousse », se lamente-t-il. Les commerçants ambulants ont du mal à exercer leur activité en cette saison de pluies. Pour Michel Tanga, c’est un calvaire de ne pas avoir un comptoir fixe. Il s’indigne de la situation qu’il vit au quotidien : « Quand la pluie s’annonce, je suis malade. Il faut commencer à chercher un abri et comment protéger sa marchandise. Quand il pleut, les gens n’achètent pas ». Et d’ajouter : « Nous n’avons pas de comptoir fixe, il faut se balader pour essayer de vendre. Impossible de se déplacer quand il pleut. Et après la pluie, le marché est dur. Chaque individu cherche à rejoindre son domicile ou à vaquer à ses occupations ».

Les cheveux teints en jaune, un sac au dos, Gisèle Tchangam est assise au coin d’un bar au lieu-dit Borne-fontaine Emana. Elle attend que la pluie cesse de tomber pour continuer sa vente de savon. Agent commercial, elle arpente les rues et les quartiers pour pouvoir solder ses produits. Approchée, elle raconte ses mésaventures avec les pluies. « Nous devons marcher pour vendre. Lorsque la pluie s’y ajoute, ça devient plus compliqué pour nous. La pluie peut te coincer dans un quartier que tu ne maîtrises pas, il faut trouver où s’abriter et comment ne pas abîmer les produits. Et ce n’est pas tout le monde qui est gentil pour vous offrir un abri. Il arrive de fois de ne pas avoir des chaussures adéquates. Après la pluie, il faut continuer la marche, dans la boue et les flaques d’eau », confie Gisèle, toute tremblante de froid.

Cette situation affecte les commerçants tant physiquement que financièrement. « Il arrive des fois où le ciel n’est pas sombre. Même en plein soleil, il peut pleuvoir. Il faut s’attendre à la pluie à tout moment. Pour moi qui suis vendeur de vêtements, ils peuvent parfois se mouiller. Qui va accepter d’acheter un vêtement humide ? Quand il pleut, nous ne pouvons pas vendre. Parfois, là où tu te mets à l’abri personne n’est intéressé par ton produit. Et c’est du temps et de l’argent perdu. S’il pleut pendant trois heures de temps, imaginez quelle en est la perte ? », s’indigne Oumar. « Pluie égale pas de clients. Avec elle, on ne peut pas se faire de l’argent. Si tu sors sous la pluie pour vendre, tu risques d’abîmer ta marchandise. Et même après la pluie, certaines personnes ne sont plus intéressées. Nous devons nous battre pour survivre et nourrir nos familles »

Marie Laure Mbena