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Mbandjock : Un Cameroun en miniature

Publié le 19 mai 2021 par Tonton @supprimez

Diverses communautés cohabitent en toute sérénité depuis plus de 50 ans dans cet arrondissement du département de la Haute-Sanaga, considéré comme un creuset de l’intégration nationale.

L’Hôtel de ville de Mbandjock héberge une bibliothèque humaine. Zira Gaston, 51 ans de vie dans cet arrondissement du département de la Haute-Sanaga. Le 17 mai dernier en fin de matinée lorsqu’on le rencontre, l’homme se remémore avec précision ses premiers instants dans cette localité carrefour. « Je suis arrivé ici le 15 décembre 1970, vers 10h. J’avais 19 ans et demi. Avant il n’y avait presque rien », raconte-t-il, le visage rieur. Depuis lors, beaucoup de choses ont évolué. Le petit village « perdu dans la brousse » s’est transformé physiquement, mais aussi sociologiquement. Pour preuve, à plus de 1000 kilomètres de chez lui, le Massa, natif de Kaï Kaï dans le Mayo-Danay, est devenu 2 e adjoint au maire sur la terre des Baboute, Ehan et Yezoum, les peuples autochtones du coin. Et il en est à son quatrième mandat.

Zira Gaston n’est qu’un visage parmi tant d’autres du vivre-ensemble à Mbandjock. Cet arrondissement de 10 villages, créé en 1968 héberge en effet des populations issues de plusieurs régions du pays. Ainsi, on y rencontre des ressortissants du Nord-Ouest, du Sud-Ouest, de l’Ouest, ou encore du Grand Mbam. Les Etons ont pratiquement tout un espace qui leur est dédié appelé « Village pionnier ». A ces Camerounais se sont joints des Gabonais, des Tchadiens, des Maliens, etc.

Dans ce brassage ethnique et culturel, le Grand Nord se taille la part du lion et représente environ 70% d’une population estimée à plus de 30 800 âmes. Des peuples qui cohabitent en « harmonie et qui font de Mbandjock un parfait exemple d’intégration nationale », selon le sous-préfet, Annie Barbara Wanko, Epse Sangon. Afin de maintenir cette symbiose, les élites de l’arrondissement implémentent diverses recettes. Ainsi, explique SM Jean Paul Bawa Dina, chef de Mbandjock, « il a été décidé de la création d’une chefferie par communauté et chaque chef de communauté siège comme notable à la chefferie de Mbandjock ». Par ailleurs, ajoute le sous-préfet, ces communautés sont regroupées dans le cadre d’une plateforme d’échange et de partage d’expériences. Laquelle permet d’anticiper sur d’éventuels conflits qui pourraient survenir.

« Ville cosmopolite », tel que la décrit le maire, Angèle Nyango’o Epse Bikme, Mbandjock doit aussi sa réputation de creuset du vivre-ensemble à son défunt maire, René De Gaulle Bagdama Amati. Avec l’installation de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), ce dernier, par ailleurs chef service du personnel de cette agro-industrie à l’époque, a procédé à un vaste enrôlement dans d’autre parties du pays afin de trouver « de braves hommes vigoureux pour travailler dans les champs de canne à sucre», raconte SM Jean Paul Bawa Dina. De plus, pour gommer les lignes de différences dans ce panorama ethnique, le maire décédé le 23 mai 2020 a légué comme héritage le terme « Mbandjockois » qui identifie les résidents de Mbandjock.


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