Steven S. DeKnight (Pacific Rim : Uprising, Spartacus) revient sur Netflix après Dardevil pour nous plonger dans l’univers d’un tout autre comics : Jupiter’s Legacy. Le comics créé par Mark Millar (Kick-Ass, Kingsman) et Frank Quitely (Daredevil) nous plonge dans une histoire de super-héros vénérés qui vont devoir combattre des gros vilains. Plutôt que d’apporter une once de nouveauté dans le genre des super-héros, Jupiter’s Legacy se complait dans une histoire paresseuse qui ne sort jamais des carcans habituels et donne rapidement cette impression de déjà vu ou de sous-produit d’une autre marque. Je ne connais pas le comics donc je ne peux pas juger de l’adaptation en tant que tel mais étant donné qu’il y a Mark Millar derrière le comics, je dois avouer que je m’attendais tout de même à une série avec plus de substance. Jupiter’s Legacy est la première production Netflix depuis le rachat de Millarworld en 2017 par le géant du streaming et je ne sais pas si c’était finalement une bonne idée de les laisser mettre la main dessus.
Tandis que la première génération de super-héros au monde est vénérée, la suivante a du mal à rester à la hauteur des exploits légendaires de ses parents.
Un des problèmes de Jupiter’s Legacy vient probablement du visuel de la série. J’ai eu l’impression de voir par moment une série de The CW (alors que je suppose que Jupiter’s Legacy a eu plus de budget à dépenser). Ne parlons pas non plus des maquillages ou encore de Josh Duhamel et son faux air constipé tout au long de la saison. Je ne sais pas trop pourquoi Jupiter’s Legacy est un si gros échec alors qu’il y avait tous les ingrédients réunis pour faire quelque chose de bon. Dans un sens, le minimum syndical de promo honoré par Netflix est probablement l’une des raisons pour lesquelles il ne fallait pas se plonger dans l’univers de cette série. L’aspect visuel de la série aurait justement dû être un élément important pour produire une telle série mais il n’en est rien. On se retrouve avec le budget traiteur d’une production hollywoodienne de gros calibre.
Jupiter’s Legacy est tout de même infusée de choses intéressantes comme les thématiques contantes dans les comics de Millar. Sauf que malgré de bonnes idées là aussi on se retrouve avec une narration en demi-teinte. Il y a de bonnes idées et toujours quelque chose qui vient ruiner un bon développement comme si la série avait laissé le frein à main enclenché. On navigue alors dans des eaux qui sont souvent troubles sauvées par quelques scènes d’action (certes assez laides mais efficaces). L’histoire manque donc de profondeur alors que le scénario n’exploite pas suffisamment les idées balancées ici et là. Plutôt que de faire de Jupiter’s Legacy une série de super-héros au commentaire intelligent sur la société et constructif du genre, on se retrouve avec un ersatz de ce qui se fait à côté comme si Netflix n’avait toujours pas digéré le lancement de Disney+, l’empêchant de poursuivre le développement de son propre univers Marvel dans des séries.
Dans le présent, Utopian est un super-héros qui vieilli. C’est Sheldon Sampson (incarné par Josh Duhamel) qui ressemble à tout et rien à la fois. Sauf qu’il pense que son fils Brandon aka Paragon n’est pas encore prêt pour prendre sa place. Disons qu’il a des problèmes à contrôler ses pouvoirs lors de situations dangereuses. Tout cela semble avoir été construit pour faire de Jupiter’s Legacy une série familiale avec tous les éléments que l’on peut attendre du genre mais rien ne fonctionne. Il n’y a pas d’alchimie ni d’émotions qui découlent de la façon dont c’est développé. Dommage car cela aurait pu être le vrai coeur de la série, ce qui aurait pu m’attacher aux personnages. Les tensions entre papa et son fils deviennent rébarbatives au fil des épisodes et à la fin on regarde avec l’envie de d’entarter l’un et l’autre. Le personnage le plus intéressant est probablement celui de Grace aka Lady Liberty incarnée par Leslie Bibb. Elle est ouverte d’esprit et permet ainsi d’apporter un propos plus élégant et intéressant que son Père Noël de mari.
Mais tout l’aspect familial de Jupiter’s Legacy se transforme en une sorte de cartoon de seconde zone où les personnages évoluent dans des directions aléatoires. Le reste des personnages de la famille Sampson comme le frère ainé Walter aka Brainwave n’a pas suffisamment de place pour éclore à mes yeux. Le fait que des personnages soient laissés sur le carreau afin de nous laisser profiter d’une guerre de boutons entre papa et son fils Brandon m’a désespéré. C’est sans parler de la jeune Chloe Sampson qui passe plus de temps à se rebeller contre ses parents comme une enfant pourrie gâtée et qui aime jouir plus que nous intéresser à son personnage. C’est dommage que Jupiter’s Legacy soit aussi ratée car je me demande s’il n’y avait pas moyen de faire quelque chose de plus proche de l’excellente The Boys (présente chez le concurrent Amazon Prime Video). Pas sûr qu’une saison 2 soit utile à cette série médiocre qu’est Jupiter’s Legacy.
Note : 4/10. En bref, malgré des qualités certaines, Jupiter’s Legacy est un yaourt brassé laissé trop longtemps dans le frigo après sa date de péremption.
Disponible sur Netflix