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Coronavirus : L’urgence d’un plan de redressement pour l’Afrique

Publié le 07 juin 2021 par Tonton @supprimez

Les prédictions apocalyptiques sur les conséquences de la pandémie de coronavirus sur l’Afrique ne se sont pas réalisées. Mais sur le plan économique, la crise sanitaire est en passe d’annihiler plusieurs années de progrès du continent.

Le constat a été pertinemment relevé par les « 32 Grandes signatures » de cette contribution tribunitienne : « En l’espace d’un an, la pandémie a donné un coup d’arrêt à un quart de siècle de croissance économique continue en Afrique, perturbé les chaînes de valeur et entraîné un accroissement sans précédent des inégalités et de la pauvreté ». La Banque mondiale avait déjà fait ce diagnostic il y a quelques mois en soulignant que « la pandémie a mis en danger une décennie de progrès économique durement acquis ». Mais toute nouvelle crise charriant de nouvelles opportunités, le Covid-19 se présente aussi comme une occasion pour les Africains et leurs partenaires de repenser le développement de l’Afrique. Mais comment redresser un continent éprouvé de toutes parts et dont une bonne partie avait bâti sa prospérité sur l’exportation des matières premières ? C’est clair, l’Afrique atteindra difficilement la terre promise de la prospérité si tous ses efforts restent plombés par le cercle vicieux de la dette.

Le Président Paul Biya et les co-signataires ont proposé quelques pistes : la nécessité de la mise en place d’un nouveau cadre, « d’un New Deal ambitieux et audacieux ». Dans ce nouveau credo qui doit sortir le continent noir de l’ornière, Paul Biya, Emmanuel Macron, Muhammadu Buhari, Cyril Ramaphosa, Macky Sall et les autres signataires pensent que « l’Afrique a tout ce qui est nécessaire pour surmonter la crise pandémique et conduire le monde vers un nouveau cycle de croissance durable ». Leur propos n’est pas excessif.

L’Afrique est parmi les continents dont la population est essentiellement jeune : un atout indéniable et un avantage comparatif. Avec la révolution numérique, ces jeunes ont des têtes pleines d’idées et d’innovations qui ne demandent qu’à être soutenues et accompagnées. Deuxième atout : le sol et le sous-sol africains sont gâtés en ressources naturelles. Mais avec la fin du « success story » des matières premières, il faut transformer et exporter des produits finis pour inverser la balance commerciale qui reste dans la plupart des cas chroniquement déficitaire. En réalité, l’Afrique doit amorcer sa transition industrielle, l’une des voies sûres de son développement. Elle vient fort heureusement de poser les jalons pour la mise en place de son marché commun : la Zone de Libre-échange continentale africaine (Zleca), «un projet d’intégration continentale éminemment ambitieux» qui ne demande qu’à être opérationnel.

Pour réussir ce « New Deal pour l’Afrique », les dirigeants africains doivent avoir un dialogue franc avec leurs partenaires. Le moment n’est-il pas venu de revoir les principes du « Consensus de Washington » qui ont imposé libération, déréglementation et privation tous azimuts ? Les signataires ont abordé cette problématique en ces termes: « Les institutions qui ont servi de fondement à la solidarité internationale depuis des décennies atteignent aujourd’hui leurs limites. Elles ont été affaiblies par des divergences économiques majeures, dont aucune mesure d’urgence ne semble en mesure de venir à bout ». En réalité, si les Programmes d’ajustement structurels ont permis de stabiliser les économies et de réduire l’inflation, beaucoup de pays africains sont toujours dans le purgatoire des réformes néolibérales sans pour autant conjurer la pauvreté et le chômage. L’ouverture des marchés par exemple n’a servi qu’à importer plus de produits provenant des pays qui « détiennent les règles du marché ». Les exportations des matières premières ne se vendent pas à des prix rémunérateurs, les dettes continuent d’être une lourde charge, les importations augmentent de manière exponentielle.

Il y a ensuite la nécessité de résorber les grands déserts qui freinent le développement de l’Afrique. Et les signataires de la grande tribune ont vu juste : il faut consentir de gros « investissements à grande échelle dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la lutte contre le changement climatique. Nous devons permettre à l’Afrique d’isoler ces dépenses de celles allouées à la sécurité et aux investissements dans les infrastructures, afin d’éviter que le continent ne tombe dans un nouveau cycle d’endettement excessif ».

Enfin, le continent africain ne devrait pas continuer à vivre de la charité internationale en ce qui concerne la fourniture des vaccins. Les auteurs de la tribune proposent qu’en dehors ou après le covid-19, « l’élément essentiel pour lutter contre les futures pandémies consiste non seulement à transférer les licences, mais aussi l’expertise aux producteurs de vaccins des pays en développement ». C’est un défi à relever
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