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The Underground Railroad (Saison 1, 10 épisodes) : train émotionnel

Publié le 10 juin 2021 par Delromainzika @cabreakingnews

Barry Jenkins (Moonlight) nous plonge au coeur de l’Amérique esclavagiste mais pas pour parler de racisme avec tout le torture porn que d’autres séries ou production peuvent avoir. Barry Jenkins pose sa caméra et son regard sur cette époque en adaptant le roman phénomène de Colson Whitehead dans lequel une jeune esclave traverse l’Amérique grâce au chemin de fer clandestin. Barry Jenkins revient ici à la source de son propre cinéma en proposant une fresque brillante et surtout magnifique. The Underground Railroad est à la fois brute mais aussi délicate. Elle veut voir ses personnages s’en sortir sans les accabler mais simplement en montrant les atrocités de cette époque encore aujourd’hui incompréhensible. Avec dix épisodes d’une heure (sauf un qui dure une vingtaine de minutes), cette fresque ambitieuse délie un récit fort et riche qui aurait pu être un sacré casse-tête à adapter pour d’autres mais qui Barry Jenkins parvient à mettre en image avec sa propre vision.

Cora Randall, une jeune esclave à la conquête de sa liberté dans le Sud des Etats-Unis avant la guerre de Sécession. Après s’être échappée d’une plantation de Géorgie, Cora découvre l’existence du légendaire « Chemin de fer clandestin », un réseau sous-terrain secret bien réel et rempli de chemins de fer et tunnels créés par des ingénieurs.

L’image utilisée pour The Underground Railroad est donc la métaphore qui est inspirée de la réalité (des routes secrètes protégées par les abolitionnistes). C’est un mythe réel qui a laissé place à l’imagination de nombres de personnes parmi cette population malmenée. C’est la force même de ce train et donc de toute cette métaphore qui fait la force de ce récit. L’ensemble est alors visuellement sublimé par la photographie de James Laxton qui ne cherche pas à faire ressortir les couleurs des paysages mais simplement à en faire sentir l’âpreté et l’ambiance d’une autre époque, boueuse. La musique quant à elle participe aussi au succès de The Underground Railroad. Nicolas Britell apporte à chaque séquence où la musique est présente une ambiance aérienne qui embarque alors le téléspectateur dans cette aventure symbolique et chargée d’Histoire.

Plutôt que de donner toutes les clés, The Underground Railroad préfère les distillées au fur et à mesure de son récit. Sans se concentrer sur l’héroïne présentée dans le premier épisode, c’est avant tout sur la psyché même de son héroïne qu’il met tout son corps à l’ouvrage. On ressent alors la douleur de Cora jusqu’au bout, que cela soit dans ses moments espoirs ou de désillusions. On ressent aussi ses peines, sa peur, son envie de se battre jusqu’au bout quitte par moment à faire ressortir sa propre colère. Cora est alors notre passagère, celle qui nous permet de naviguer au travers des épisodes et de faire toutes les rencontres qu’elle (et nous du coup) fait durant son voyage. Le récit est alors dense, ne laissant jamais retomber la flamme mais en l’attisant constamment.

Le fait que l’on arrive à chaque fois dans un nouvel Etat permet alors de se poser et de poser les détails de ce qui se déroulait à cette époque. Car si Cora est présente, ce n’est pas sur elle que Jenkins braque uniquement ses projecteurs mais aussi sur les gens de ces Etats. Le chasseur d’esclaves qui traque Cora tout au long de la saison est à glacer le sang. Joel Edgerton incarne ce personnage immonde de façon brillante. Que dire de plus si ce n’est qu’il faut absolument voir The Underground Railroad pour comprendre cette époque au travers d’un regard étonnant et brillamment construit. Barry Jenkins m’a ému avec ces dix épisodes et profondément touché en plein coeur. On découvre (même en sachant déjà ce qui se déroulait à cette période là) les atrocités dont l’être humain est capable mais aussi tout ce qu’il est capable de faire pour s’en sortir. A l’instar de ce que Steve McQueen a pu faire avec son 12 Years a Slave, The Underground Railroad est un récit de plus qui permet de ne pas oublier l’Histoire et ses atrocités pour se rappeler que l’on doit changer les choses.

Note : 9/10. En bref, une brillante aventure aussi émouvante qu’atroce.

Disponible sur Amazon Prime Video


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