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Le storytelling du télétravail et de la productivité

Publié le 10 juin 2021 par Dangelsteph
Le storytelling du télétravail et de la productivité

On a beaucoup parlé de la productivité en période de télétravail. Des cabinets spécialisés et des télétravailleurs ont indiqué, sur la base d'études et d'évaluations personnelles pendant le confinement, que la productivité était boostée par le télétravail.

Qu'en est-il précisément et réellement ?

Personnellement, je l'avoue, j'ai des doutes sur les chiffres impressionnants de gains de productivité. Pourquoi ?

Je ne fais pas preuve de négativisme. Je me réfère aux organisations de travail, à leurs façons de fonctionner. Or, dans de nombreuses organisations... l'organisation n'est pas spécialement le point fort. Dans beaucoup d'endroits, le fonctionnement se fait un peu, beaucoup, passionnément, à la folie... à la wannagain. Combien de fois ai-je entendu que cela devenait de plus en plus chaotique dans les organisations ces dernières années ! Et c'est bien pour cela que l'on a tellement besoin de présentiel : pour se raccrocher aux branches, improviser.

Oui, c'est pour cela que j'ai de gros doutes. Comment une organisation désorganisée et qui, la plupart du temps, n'admet pas qu'elle l'est, pourrait comme ça, du jour au lendemain, et sans réelle stratégie mise en place, avoir des modes opérationnels supplétifs fiables, en travail à distance ? Parce qu'il ne faut pas se leurrer : les télétravailleurs se sont retrouvés du jour au lendemain à la maison avec leur ordinateur et puis voilà...

Déployer Teams, Zoom ou autre, on ne peut pas appeler cela une stratégie mise en place... apte à combler le manque d'organisation préexistant.

D'autant que les chiffres avancés pour "prouver" la hausse de productivité due au télétravail proviennent d'études menées... il y a des années. Assez étrange, que cette idée d'utiliser une vieille étude pour évaluer une situation présente.

Alors, qu'en est-il : quel est le storytelling du télétravail ?

Moins de coordination informelle et de fonctionnements ad hoc en distanciel :

C'est paradoxal. Justement, ce devrait être l'inverse, non ? Et bien non. En présentiel, pas de discussions interminables par email ou d'appels en visio (quand la personne que l'on veut joindre est disponible, du moins -sans avoir trop de visibilité sur le moment où elle le sera), une discussion informelle et puis voilà.

Moins de coordination = des décisions qui tardent davantage = moins de productivité au final.

Plus ou moins de réflexion sur les tâches confiées :

En présentiel, il y a un certain "coût social" à demander à quelqu'un de réaliser une tâche. En distanciel, aucun coût à supporter. C'est comme faire un commentaire à quelqu'un in real life ou sur Facebook : le coût social n'est pas le même, une certaine décomplexion très négative s'installe.

Dans ces conditions, le télétravail peut générer des frictions qui minent la productivité.

Davantage d'heures travaillées sans plus de résultats :

L'Université de Chicago aux Etats-Unis a réalisé une étude sur 1000 professionnels du secteur de l'IT, bref pas les plus manchots pour utiliser les outils de travail à distance. Et on ne parle pas de gens qui font dans le SAV informatique et qui, du fait du télétravail, seraient sur-sollicités. Non, on parle de salariés ordinaires, ni plus ni moins sous pression qu'avant.

Que dit cette étude ? + 30% d'heures travaillées, et même +18% en heures sup, pour des résultats qui n'ont pas spécialement augmenté en termes de livrables fournis dans le cadre des missions exercées. CQFD : -20% de productivité, une fois tous les biais et correctifs appliqués.

En fait, les gens ont été capables de réaliser leur travail depuis leur domicile. Mais en travaillant plus ! On travaille plus tôt le matin, plus tard le soir, et le corollaire est aussi qu'à la fois, on en a assez de ce dodo-boulot-dodo.

Le télétravail peut être productif si...

... Des infrastructures techniques robustes sont mises en place. Je ne parle pas d'une bonne solution de visio, etc. Je parle du dur, de l'infrastructure de back offcie. Celle qui va faire en sorte que lorsque vous cliquez sur un fichier qui se trouve sur le serveur de votre organisation, vous n'ayez pas suffisamment de temps pour aller faire du running avant qu'il ne s'ouvre. C'est juste un exemple. Des solutions, aussi, qui peuvent vous permettre de vous connecter si votre connexion Internet privée tombe en rade... Une hotline qui réponde vraiment et rapidement, et soit vraiment utile, aussi. Là aussi, on a vu une grosse décomplexion se développer : des demandes d'assistance auxquelles les réponses sont tardives, sous couvert de l'excuse "je pouvais pas, j'avais Covid" (pas la maladie, mais le fait de devoir travailler dans des conditions Covid, brandi comme excuse imparable). Bref, tout ça, tout ça...

Je n'ai pas mentionné non plus ces managers qui ont été beaucoup plus indulgents, conciliants et moins exigeants avec leurs équipes pendant toute cette période. L'un des mots clés du management était quand même la bienveillance. De plus, le ralentissement de l'activité avec l'arrêt complet de certains clients a parfois généré une diminution de la pression naturelle sur les équipes. Je n'ai pas non plus parlé de ces télétravailleurs qui n'ont pas mis en place de transfert de leur ligne téléphonique pro vers leur domicile, ni de message vocal, laissant leur ligne sonner dans le vide (si, si, cela existe, notamment dans le secteur administratif). On aurait pu prendre ça en compte aussi, et dire qu'avec le temps de trajet économisé dont on réduit l'avantage on comptabilisant un temps accru de préparation du déjeuner, additionné du temps de gestion du chien de la maison... Bref, disons que ces différents points de détail s'annulent.

Tout cela nous apprend qu'une histoire ne doit jamais être considérée en surface. Sinon, on n'aura qu'une vision tronquée de qu'elle raconte vraiment. Le storytelling n'est pas une technique de surface, il doit être utilisé dans les situations pour lesquelles de la profondeur est nécessaire. Et c'est ce que nous faisons chez Storytelling France.

Tous ceux qui ont voulu utiliser le storytelling vite fait, se sont retrouvés avec le constat d'une action vite faite mal faite. Cela ne marche tout simplement pas. Le storytelling fonctionne pour faire de l'audit, par exemple. C'est de la profondeur,, un audit. Ou alors, il est aussi très efficace pour faire de la réflexion stratégique : ça se réfléchit aussi, la stratégie, n'est-ce pas ? Nous en menons aussi, des actions stratégiques de storytelling. Ensuite, oui, on peut passer à de la réalisation de storytelling : de la rédaction, du tournage de vidéos, de la publication de posts dans les réseaux sociaux etc. Mais ça, c'est après...


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