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Suissitude, barbecue et générations

Publié le 27 juillet 2008 par Kalvin Whiteoak

suissitudeOn pourrait imaginer un dimanche comme les autres dans un petit village du Nord Vaudois. On pourrait imaginer que Monsieur s’occupe de psychologie et Madame de son jardin et de sa progéniture après une courte tranche de carrière dans l’enseignement.

On pourrait imaginer ce couple dans la trentaine terriblement conventionnel, lui barbu et à calvitie déjà bien née et elle d’une amplitude qui trahit sa maternité.

On pourrait aussi imaginer, non sans quelques soucis, pour un psychologue, que ce même barbu aime à passer durant des heures son karcher jaune canari à turbopropulseur pour nettoyer les dalles de sa terrasse, s’attardant sur chacune d’elle au moins quinze minutes au grand dam de certains de ses voisins et de leurs oreilles meurtries.

Elle, de son coté, pourrait ne pas avoir l’accent vaudois bêtement cultivé, mais vouiiiiii madame. Malheureusement c’est le cas. On se moque souvent du français franchouillard et de ses côtés assez rustiques en matière culturelle et d’élévation d’esprit. On devrait aussi s’intéresser à la Suissitude (pour ne pas dire suissicitude), cette marotte de la culture du médiocre, du silence qualifié et du politiquement correct.

Le déjeuner dominical barbecue à côté de l’herbe sous la tonnelle

- elle: je suis pas née avec un natel, moi. Si Jules* me l’avait pas offert j’en aurais encore pas. Tu te souviens Jules quand on nnnhabitait Loooosanne, c’était bien pratique pour se retrouver paske c’est grand. Faut des points de repère, non. Enfin, moi y a que mes collègues qui connaissent le numéro, avec Jules bien sûr, on a trouvé nos marques;
- la belle-mère: de mon temps, on pouvait encore avoir confiance, au Comptoir Suisse par exemple, on se donnait rendez-vous sous la pendule principale et on se loupait jamais;
- l’ami quadra à tendance monoparentale qui louche sur elle: il faut oser désobéir pour apprendre le respect de l’autre
- Jules: … (silence, comme d’habitude sauf quand il passe son karcher)
- elle: Irma, hopla hopla, voilàààààààààààààààààà, tu veux une fraise, t’es gentille ma puce, vouiiiiiiiiiiiii (elle a fait pipi)
- Irma: areareare, vouin, vouin, vouin, are
- la belle-mère : parce que tu avais les cheveux longs toi, a vvvvvvouiiiii, mais c’était la mode non ? et pi ton grill, ça marche comment ?
- elle: c’est du gaz et des pierres de lave
- la belle-mère: ah bon, ça vient d’un volcan ? de quel volcan tu sais ?
- elle: je sais pas mais en tous cas de Suisse piske je l’ai acheté à la COOP. Pi tu sais c’est super, paske ça se lave après la fin de la saison, on y met dans un seau avec du liquide vaisselle pi on frotte
- la belle-mère: didon, tu crois qu’on va se ramasser la pluie ?
- l’ami quadra etc.: on pourrait parler des problèmes d’école…
- la belle-mère: je vais faire le café
- Jules: …….
- elle
: pi faut dire qu’au jour d’aujourd’hui, on est de plus en plus conditionné…

etc…

On coupera le “reportage” ici. Les acteurs principaux de ce court dialogue sont en somme nos forces vives, nos élites, les générations qui devraient développer notre pays. A comparer avec le franchouillard râleur, on n’a rien à envier, et surtout du souci à se faire. Il est bien sûr évident que toute ressemblance avec un véritable couple et de véritables conversations serait fortuite et involontaire.

* dans ce “roman”, le mari s’appelle Jules


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