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Cameroun – Examens officiels 2021 : Panne d’épreuves à l’Office du Baccalauréat

Publié le 24 juin 2021 par Tonton @supprimez

Pour des raisons encore inconnues, l’organisme chargé de l’organisation des examens certificatifs du second cycle francophone se trouve dans l’incapacité de produire à temps des épreuves convenables.

C’est sur les réseaux sociaux qu’on a commencé à l’apprendre. Jusqu’à 9h, c’est-à-dire théoriquement une heure après le lancement programmé des premières épreuves du troisième jour du probatoire de l’enseignement général, les épreuves n’étaient pas arrivées dans la plupart des sous-centres de la ville de Douala. Aussitôt lancés derrière l’information, nos reporters ont eu confirmation auprès des candidats rencontrés, aussi bien à Yaoundé, Bafoussam que Douala, que les épreuves d’hier ont commencé avec un grand retard. Les épreuves ont eu lieu mais elles ont été décalées dans le temps. En l’absence d’une explication officielle, aucun chef de sous-centre contacté ne veut prendre des risques. « Ce n’est pas une affaire qui concerne uniquement notre centre de composition. Il faut voir avec la hiérarchie », conseillent les plus polis.

En recoupant, nous pouvons reconstituer la folle journée d’hier. Mercredi, 23 juin 2021. Comme il est devenu courant depuis le lancement de la session d’examens 2021, tous les chefs de sous-centres de composition se rendent au point indiqué au petit matin, pour la plupart leurs délégations départementales de rattachement, pour entrer en possession des sujets du jour. Dans l’une d’elles, le délégué et son équipe ont débarqué deux minutes après 7h, l’air préoccupé. Contrairement aux jours d’avant, le chauffeur n’a débarqué aucun carton, il a plutôt fait nerveusement marche arrière pour se ranger devant le bâtiment. La suite se passe dans le bureau. Au sortir de là, les riverains ont remarqué l’angoisse sur les visages des chefs de sous-centres, tous pressés et tenant à la place des cartons, de plates enveloppes. Certains lancent des jurons.

De sources concordantes, c’est dans les sous-centres que la multiplication des épreuves, pour la plupart transférés par le réseau social WhatsApp, s’est faite hier. Ceux qui n’avaient pas la logistique nécessaire ont été autorisés à recourir aux bureautiques publiques. Quid de la confidentialité tant vantée par cette instance ? « C’est une grosse reculade dans la préparation des sujets d’examen. Jusque-là, les sujets étaient conditionnés et scellés avec un scotch personnalisé, par le service technique de l’Office du Baccalauréat (Obc). Pour certifier leur confidentialité, les enveloppes étaient présentées aux candidats avant ouverture, pour qu’ils les authentifient, cela après une première vérification du chargé de mission. Le chef de centre pouvait les garder dans un espace sécurisé de son établissement ou dans les unités de police », explique un ancien chargé de mission aux examens.

Voyages et veillées nocturnes

Au-delà, même en cas de solution technique, comment faire pour multiplier et distribuer en 30mn, les épreuves d’un examen aussi sérieux, alors qu’on se trouve à 40km de son centre d’examen ? Le fait est que la liaison entre l’office et les délégations régionales du Ministère des Enseignements secondaires s’est régulièrement faite avec retard. La suite du processus, entre celles-ci et leurs relais départementaux, a dépendu du génie de chaque délégué. La liaison enfin entre ces derniers et les établissements parfois enclavés où composent les candidats a souvent connu des aléas. Interrogé sur cette question par votre journal, à la fin des épreuves controversées du Baccalauréat Esg il y a une semaine, le responsable de la communication de l’Obc avait parlé d’une stratégie pensée pour tordre le cou à la fraude, qui avait occasionné la reprise d’une partie de cet examen en 2020. « Cela ne doit faire pas faire l’objet d’intrigues, le plus important c’est que les candidats aient leurs sujets à temps. Les sujets peuvent arriver la veille ou le jour même, vous savez ce que nous avons connu la session dernière. Ça peut être une technique mise sur pied pour éviter que certaines choses ne se reproduisent », avait banalisé Urbain d’Assise Voula. Sur la question de l’insuffisance des copies, il évoquait l’éventualité de la non prise en compte des candidats retardataires par les services compétents.

Dysfonctionnement institutionnel

Sauf que lors du déroulement des examens de l’enseignement technique, la semaine d’après, certaines épreuves ont manqué. Simplement. « On nous a donné, avec un grand retard, une épreuve de mathématiques d’une session antérieure », témoigne une candidate de la filière IH (Industrie de l’Habillement). Pour combler une absence certainement. Dans cet ordre d’enseignement, le cafouillage est encore plus grand. Hier justement, au moment où les responsables de l’enseignement général se battaient pour multiplier leurs épreuves, ceux de l’enseignement technique n’avaient encore rien reçu. Et ils étaient nombreux à avoir fait le même déplacement matinal. Certains gèrent concomitamment dans leurs centres d’examen, les opérations du Certificat d’aptitudes professionnelles, sciences et technologies du tertiaire (Cap-Stt) dont la programmation est plus exigeante.

Questions donc : quel crédit faudra-t-il accorder à une évaluation certificative faite avec des sujets multipliés partout, par des mains inexpertes, lancés avec des décalages horaires importants sur l’ensemble du territoire ? Qui va payer les coûts de reproduction générés par cette nouvelle option ? L’Office du Baccalauréat du Cameroun, qui éprouve déjà de la peine à payer les anciennes charges contestées par les enseignants, va-t-elle prendre en charge ces nombreux déplacements qu’il vient d’imposer aux chefs de centres d’examen ? Et si un acteur faisait un accident ?
Des questions pour l’instant sans réponse, en attendant la surprise de ce jour. D’avis unanime, l’Obc n’a jamais connu pareils errements, depuis sa création. En lieu et place de ses responsables, ce sont les inspecteurs du Ministère des Enseignements secondaires qui inondent les médias pour discuter des théories. Même mauvaises, les épreuves doivent parvenir aux candidats sans donner l’impression d’un manque de sérieux.

Jules Romuald Nkonlak


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