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Cameroun – Sarriette Boum : « Je ne travaillerai plus jamais pour quelqu’un»

Publié le 28 juin 2021 par Tonton @supprimez

Devenue handicapée moteur, la jeune diplômée en géographie a abandonné son boulot de ménagère pour se consacrer à la vente d’épices.

« Travailler pour les gens, plus jamais», lance Sarriette Boum, la voix ferme. Après une mésaventure en tant que femme de ménage chez un couple au quartier Nsimeyong à Yaoundé, la jeune dame de 30 ans à préfère arrêter son travail, et se lancer à son propre compte. Elle raconte: « J’ai failli y perdre la vie. Ce travail ne m’a apporté que des malheurs. Je travaillais chez un couple dont la femme ne m’aimait pas vraiment. Un soir, alors que je ne m’y attendais pas, la dame m’a versé de l’eau chaude sur le corps, et j’ai ainsi perdu l’usage de ma main gauche». D’après cette maman de deux enfants, les colères de son ancienne employeur proviennent du fait que son époux, un haut cadre de l’administration, lui accordait beaucoup de faveurs. « J’ai une licence en géographie et ce sont les circonstances de la vie qui m’ont amené à faire ce métier.

Mon patron m’aidait dans la recherche d’un emploi plus décent. Quelques fois, il me donnait des pourboires ou même des vivres lorsqu’il rentrait de voyage. Malheureusement, sa femme se disait que j’avais une liaison avec lui, et ne manquait pas de me le signifier». Sarriette n’a pas tardé à savoir jusqu’où la colère de son ex employeur pouvait aller. Elle continue: « Un soir, mon patron venait de rentrer d’une mission à l’Ouest. Il a ramené des vivres et m’a demandé de me servir à volonté. Madame n’a pas apprécié son geste et une violente dispute a éclaté dans leur chambre. Alors que j’étais concentrée à ranger les courses, j’ai juste ressenti de l’eau qui me brûlait. La patronne venait de me verser une bassine d’eau chaude sur le corps».

Trafic d’influence

Ses cris ayant alerté le voisinage, ces derniers ont conduit Sarriette Boum à l’hôpital le plus proche. Malheureusement pour elle, son bras gauche était très touché, et elle risquait de le perdre. La mine serrée, elle explique: « J’ai passé trois semaines à l’hôpital. A la sortie de là, je ne me reconnaissais plus. J’avais un bras paralysé et des blessures sur tout le corps. Je m’étais juré de faire payer cet acte à ma patronne». La diplômée en géographie va alors porter plainte contre l’épouse de son employeur pour coups et blessures. « Avec l’aide de ma famille, j’ai porté plainte. Les voisins ont été interrogés et ont plaidé en ma faveur. J’ai reçu des menaces de la famille de ma patronne.

Ils promettaient de gâcher ma vie et celle de ma famille». Prise de peur, Sarriette a pensé à ses enfants de 8 et 5ans, et a décidé de retirer sa plainte. Elle confie: « j’avoue que j’ai paniqué lorsque la famille de ma patronne m’a menacé. Ce sont des gens influents et je ne voulais pas gâcher la vie de mes enfants. J’en ai parlé à ma famille et nous avons décidé de retirer la plainte». Mais, la jeune dame ne regrette rien, si ce n’est son bras désormais invalide. Elle ajoute: « J’ai reçu une belle enveloppe de la part de mon ancien patron, avec qui je garde d’ailleurs de bons rapports. Grâce à cet argent, j’ai pu m’offrir un fond de commerce. J’ai ouvert un petit kiosque devant ma maison. J’y commercialise les épices et autres petits nécessaires du quotidien. Ça épuise beaucoup, mais c’est mieux que mon ancien travail. Plus jamais je ne travaillerai pour quelqu’un».

Murielle Tchoutat


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