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Rear Window ou se passer de YouTube

Publié le 29 juin 2021 par Rhespel @princeofsky

Depuis plus d’une dizaine d’années déjà, YouTube est leader sur le marché de la vidéo en ligne. Deuxième moteur de recherche après Google, la plateforme s’est taillée une place de choix dans le quotidien de l’humain moyen. Et si ça changeait en 2021 ? Pour ma part, j’étais déjà mécontent il y a deux ans de cela, quand YouTube a décidé de changer les règles de monétisation des vidéos hébergées en son sein. Je ne pensais pas que la situation pouvait encore empirer.

Au départ, j’ai cru que ma plus grosse déception venant de Google en 2020 serait la mise à mort de Google Play Music, le service d’écoute et de stockage de musique en ligne. La firme américaine a basculé ses utilisateurs sur YouTube Music pour unifier son offre, leur faisant perdre au passage en ergonomie et en fonctionnalités. Soit. A l’heure qu’il est, on peut toujours y stocker l’ensemble de sa collection de disques (ou de mp3) gratuitement, ce qui relève du miracle et ne durera sans doute pas.

Ce que j’avais moins vu venir – quoique j’évoquais déjà cette possibilité en 2016 – c’est la fin du tiers gratuit de Google Photos. Il était jusque-là possible d’y stocker en illimité ses photos et vidéos, gratuitement, à condition d’opter pour une qualité moindre (mais bien suffisante pour la plupart des gens). L’offre est petit à petit devenue incontournable sur le marché, signant la fin de bon nombre de ses concurrents. Aujourd’hui en position de force, Google peut se permettre de dire à ses utilisateurs qu’il est temps de payer ou d’aller voir ailleurs. Malin.

Comme si ça ne suffisait pas, Google a décidé d’enfoncer un peu plus le clou en mettant à jour sa politique publicitaire sur YouTube. Jusqu’à présent, il était possible en tant qu’utilisateur de choisir si on souhaitait que des publicités soient afficher sur les vidéos que l’on mettait en ligne. Dans le cas où on était éligible au programme Partenaire YouTube, cela pouvait même rapporter de l’argent. Dans le cas contraire, on pouvait simplement choisir de ne pas imposer de publicité à ceux qui viendrait visionner ses vidéos.

Depuis le début de l’année, c’est fini. YouTube peut choisir à loisir d’afficher des publicités sur n’importe quelle vidéo, et d’empocher la mise si l’utilisateur ne fait partie de son programme Partenaire.

Ne nous voilons pas la face. Google n’est pas une œuvre caritative et il est logique que la société cherche à rentabiliser son investissement, surtout quand on considère le nombre de datacenters nécessaire au stockage des ces photos et des vidéos. Pourtant, ces différents changements entrent en vigueur à l’heure où Google (ou devrais-je dire Alphabet) est déjà plus que rentable et n’a a priori nul besoin d’une manne d’argent supplémentaire.

Sur le principe, j’admets que Google n’a forcément aucune obligation de proposer un service gratuit – qu’il s’agisse de stockage de musique, de photos ou de vidéo – sans contrepartie. Là où je suis plus critique, c’est dans la manière de faire. Google a offert ses services gratuitement juste le temps nécessaire pour mettre à mort tous ses concurrents et a habitué ses utilisateurs à utiliser ses services. Quel utilisateur de smartphone Android va aujourd’hui arrêter d’utiliser Google Photos après y avoir stocké cinq ans de sa vie ? L’application est de toute façon pré-installée d’office sur la plupart des smartphones et impossible à supprimer sans avoir des connaissances un peu poussées.

Qui va choisir demain de boycotter YouTube alors que c’est encore là qu’on trouve la grande majorité des vidéos ? Vous avez essayé d’utiliser Dailymotion récemment ? C’est devenu un enfer. J’aime bien Vimeo, mais on est loin d’y trouver la mémoire du web, comme ça peut être le cas pour YouTube. D’ailleurs, Vimeo a changé de cap au fil des ans et plutôt que de se voir comment une alternative à YouTube, le site s’est transformé en hébergement de vidéos à destination des business et des professionnels (comme Wistia) et en application de création vidéo pour les réseaux sociaux.

Bref, on se retrouve aujourd’hui dans un Internet made in Google, sans alternative. Ou presque ? Car, oui, en 2021, on peu choisir d’avoir un peu moins de Google dans sa vie. Plutôt que d’utiliser le célèbre moteur de recherche, on peut opter pour DuckDuckGo qui respecte la vie privée (ou Qwant à la limite). Plutôt que d’utiliser Google Chrome pour naviguer sur le web, on peut installer Firefox ou Vivaldi. Plutôt que d’utiliser Gmail, on peut utiliser Fastmail, Protonmail ou Infomaniak Mail. J’ai remplacé mon adresse principale Gmail par ce dernier pour une utilisation mail et agenda et ça fonctionne parfaitement.

En installant un NAS chez moi, j’ai même enfin pu me passer de Google Photos et de YouTube Music. C’est plus compliqué de remplacer Google Maps, mais si on accepte un service un peu moins performant, il existe des applications basées sur OpenStreetMap qui sont relativement fiables.

La seule part de Google dont je n’arrive pas à me passer en 2021, c’est donc YouTube. Et c’est triste, parce que le site a de nombreux défauts : sa fâcheuse tendance à héberger des vidéos conspirationnistes, à rassembler des armées de trolls qui se donnent rendez-vous dans les commentaires des vidéos… Des plaies communes à tous les réseaux sociaux. Mais voilà, YouTube reste une fenêtre sur le monde pour lequel il n’existe aucun équivalent (le projet PeerTube en est malheureusement très loin). Une fenêtre imparfaite, mais dont il est difficile de tirer le rideau.

En 2021, YouTube reste roi en matière de vidéo sur le web et ça n’est pas prêt de changer. Je ne vois pas un concurrent arriver demain sur ce terrai, ni même dans les années à venir (même Facebook s’y casse les dents !). Est-ce qu’il faut tenter de boycotter la plateforme ? Ce n’est sans doute pas tenable. Mais une utilisation plus raisonnée dès à présent des services qu’offre Google, en mesurant le pour et le contre, me paraît essentielle. Ce fut ma résolution de début d’année. Jusqu’ici, je m’y tiens.

Rear Window (1954) on IMDb

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