Plutôt que de nous offrir une narration linéaire, Cruel Summer choisit de pousser l’inverse à son paroxysme. Après tout d’autres séries le font très bien (Westworld vous dit quelque chose ?) mais ce qui permet à Cruel Summer de se distinguer avec sa narration c’est le fait qu’elle parvient intelligemment à séparer les différentes périodes grâce au visuel, aux couleurs et la personnalité de chacun de ses personnages. On sait donc instantanément où est-ce que l’on est et quelle période de la vie des personnages on suit. Cruel Summer part d’un point de départ un peu tordu et intriguant mais qui tombe parfois dans certains pièges du genre. Chaque épisode se déroule un jour spécifique sur trois étés dans les années 90 où l’on suit le destin de deux adolescentes très différentes : Jeanette Turner et Kate Wallis. La façon dont Cruel Summer parvient à installer les points de vue des deux jeunes femmes est fascinant et parvient à donner au fur et à mesure des réponses sur ce qui s’est passé.
Lorsque Kate a été kidnappée, Jeanette est alors devenue la nouvelle fille populaire sauf que le but de Cruel Summer est de nous révéler petit à petit ce qui s’est passé (notamment lorsque Kate est retrouvée vivante des années après). Le concept de Cruel Summer est fascinant pour plusieurs raisons et notamment cette façon de gérer les mystères intelligemment. Tout n’est pas révélé dans le final. Les faux semblants et les révélations se jouent durant les dix épisodes qui composent la saison. L’un des meilleurs twists est probablement la révélation que Kate est toujours en vie. Les sauts dans le temps sont maîtrisés mais ne permettent pas toujours de simplifier la compréhension de l’histoire. A certains moments j’ai eu l’impression d’être légèrement perdu au milieu de toutes les versions des personnages.
Ce qui peut parfois être assez frustrant dans Cruel Summer c’est le fait que le scénario concentre toutes les intrigues en un seul et même jour particulier de chaque été sans parvenir à prendre suffisamment de temps pour toutes les développer. Cela empêche donc parfois un peu la dynamique des personnages et leurs actions. Si au début Cruel Summer est fraîche et amusante, rapidement sa mécanique perd de son énergie et devient redondante car elle ne permet pas de développer suffisamment le récit. Lorsque Cruel Summer se concentre vraiment sur la personnalité et la psychologie de Kate et Jeannette alors la série brille. Les deux adolescentes deviennent alors la une de tous les potins de leur petite ville du Texas et des médias nationaux. Lorsqu’une des deux est visée, l’autre cherche à réagir à sa façon. Je trouve la façon de faire assez fascinante et c’est tout ce que j’ai envie de voir dans cette série. Car cela fonctionne très bien.
Cruel Summer parvient donc à sortir de la mécanique de sa narration car la série explore l’impact des attentes que la société peut avoir sur ces jeunes filles et comment leur petite ville et leurs familles contribuent à leur mettre la pression. L’autre avantage de Cruel Summer est qu’elle en tombe pas dans tous les poncifs vus et revus du genre. Le casting est l’une des raisons pour lesquelles les personnages sont suffisamment réalistes et appellent à s’attacher à leurs aventures. On est loin des ragots répétitifs d’une Pretty Little Liars par exemple. Sans pour autant être la série la plus surprenante de cet été, Cruel Summer apporte un vent de fraîcheur dans le monde des séries pour ados grâce à de belles idées et une morale bien ficelée.
Note : 6.5/10. En bref, une série à la narration originale qui malgré certains défauts se trouve être bien ficelée.
Prochainement en France