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Louis-Paul Motaze : « Le Cameroun a atteint un taux d’achat record d’Eurobonds »

Publié le 02 juillet 2021 par Tonton @supprimez

Selon le ministre des Finances, la confiance que les investisseurs viennent de manifester au Cameroun constitue un motif d’encouragement pour la poursuite des réformes menées.

Qu’est-ce-qui a motivé le Cameroun à émettre ce 2ème Eurobond, après celui de 2015 ?

Dans le cadre de la gestion de la dette de l’État de manière générale et dans l’optique spécifique d’améliorer son profil pour susciter l’attrait sur la mise en œuvre de notre stratégie de développement, le président de la République, Son Excellence M. Paul Biya, a autorisé le recours à une émission obligataire de 450 milliards de Fcfa. Cette démarche vise en grande partie à refinancer l’Eurobond 2015.

Cette fois, le Cameroun s’est-il entouré de précaution pour la bonne exécution de cette opération?

Après l’annonce de l’opération sur le marché, le Chef de l’Etat a dépêché une délégation conduite par votre humble serviteur en France le 22 juin 2021. Ensuite, du 23 au 29 juin, il s’en est suivi un Roadshow au cours duquel se sont succédées des réunions et des négociations entre la délégation camerounaise et une centaine d’analystes financiers. Ils représentaient plus de soixante-dix groupes d’investisseurs ayant de grandes capacités de placement. Ces rencontres ont permis à notre délégation de présenter la situation politique et sociale du pays, ainsi que ses acquis et perspectives économiques à moyen et à long terme. Le but était de permettre aux investisseurs d’avoir une meilleure perception du crédit Cameroun.

L’issu de cette mission est-elle favorable au Cameroun ?

L’État du Cameroun a atteint un taux de rachat record. Il se situe à environ 80 % du montant de la souche de 2015. Après l’émission inaugurale de 2015 dont le taux d’intérêts était de 9,5%, le Cameroun en ce premier semestre fait un retour apprécié sur les marchés financiers, notamment celui des Eurobonds. A la clôture de la transaction du 30 juin 2021, j’ai rendu publics les résultats de l’opération qui sont favorables au Cameroun. Deux cents cinq investisseurs y ont participé. La devise de l’émission est en euro, le montant sollicité est de 450 milliards de Fcfa, soit 685 millions d’euros. Le montant obtenu est de 1481, 15 milliards de Fcfa, soit 2258 millions d’euros, donc un taux de couverture de 321%. Mais, au regard des habilitations reçues, nous avons retenu le montant de 450 milliards de Fcfa, pour un taux d’intérêt 5, 95% et une maturité de 11 ans. La principale opération à retenir est que l’état a atteint un taux de rachat record qui se situe à environ 80 % du montant de la souche de 2015. Ainsi, après l’émission inaugurale de 2015 dont le taux d’intérêts était de 9,5%, le Cameroun en ce premier semestre fait un retour apprécié sur les marchés financiers, notamment celui des Eurobonds.

Qu’est-ce-qui a motivé les investisseurs à faire à nouveau confiance au Cameroun ?

En dépit d’un contexte marqué par la pandémie du coronavirus, les investisseurs ont marqué leur confiance retrouvée dans la qualité de la signature du Cameroun, confortée par la bonne exécution d’un premier programme et la perspective de signature d’un nouveau programme avec le Fmi et la mise en œuvre de notre stratégie de développement 2020/2030. Nos défis économiques restent certes nombreux, mais la confiance que les investisseurs viennent de manifester à l’égard de la signature du Cameroun constitue un motif d’encouragement pour la poursuite des réformes que le pays mène sous la houlette du président de la République en vue de l’émergence économique et sociale du Cameroun à l’horizon 2035. Je remercie les investisseurs pour l’intérêt qu’ils portent au Cameroun, ainsi que tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette opération.

Propos recueillis par Cathy Yogo

Encadré

Un euro-obligation est un emprunt émis en commun par les pays de la zone euro sur les marchés. Concrètement, les eurobonds consistent à mutualiser, à l’échelle européenne, la dette des pays de la zone euro. C’est-à-dire que les pays mettent en commun leur dette, et la remboursent ensemble, en émettant ensemble ce que l’on appelle des obligations.
Un atout pour les plus fragiles de la zone euro, qui doivent actuellement verser des primes de risque très fortes pour emprunter, question de bénéficier des taux d’intérêt très faibles dont jouissent les Etats les plus solides. En effet, ces euro-obligations pourraient être garanties solidairement par tous les pays de l’Union monétaire.

Source : Dictionnaire du commerce international


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