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Cameroun – Ration alimentaire : Des « équations » pour se nourrir

Publié le 02 juillet 2021 par Tonton @supprimez

Dans les familles à faibles revenus, il faut se creuser les méninges pour trouver à manger au jour le jour.

« Qu’est-ce que je vais acheter avec 1500 Fcfa au marché. Si tu n’augmentes pas cet argent, tu ne vas pas te rendre au travail. Que signifie cela ? Tous les jours ? ». Ces cris de Nathalie Mvondo ont réveillé tout le quartier. Le voisinage accourt. La jeune femme hurle en tenant son mari par le pantalon. Elle réclame l’augmentation de la ration alimentaire laissée par son époux. « Dès qu’on parle de rationner, tu donnes un pauvre 1500 Fcfa », lance-t-elle. Son mari, Roger Belinga, ainsi séquestré est sans voix face à ce spectacle provoqué par son épouse. Les mains sur les hanches, il n’en revient pas. Tout énervé, il essaye de repousser sa femme qui ne le lâche pas. Le père de famille, mécanicien de profession, s’égosille à expliquer sa situation financière. « Je n’ai pas travaillé grand-chose hier. Il n’y avait pas de clients. Fais ce que tu peux pour que les enfants puissent manger », explique-t-il à sa femme qui ne veut rien entendre.

Pour Nathalie « c’est une habitude » de son mari. Le montant de la ration ne change jamais quelle que soit la situation même s’il y a du travail au garage. C’est une occasion pour elle d’attirer l’attention de ce dernier sur la hausse de certaines denrées alimentaires sur le marché ; et le fait que, cette somme dérisoire ne peut suffire à combler les besoins nutritionnelles de la famille.

Pour Roseline Nke, elle ne peut se permettre le luxe de dépenser plus de 2000 Fcfa pour faire la cuisine pour deux jours. La trentaine révolue, la dame estime que cette somme est suffisante pour faire à manger. Cette mère de quatre enfants travaille comme femme de ménage. Son salaire ne lui permet pas d’aller au-delà de ce montant. « Mon revenu à la fin du mois n’atteint pas 60.000 Fcfa. Je dois m’occuper de mes enfants, payer le loyer et subvenir à tous les autres besoins parmi lesquels la nutrition. 2000 Fcfa c’est pour deux jours », explique-t-elle. « Je peux jongler parfois en ramenant un peu de nourriture de mon lieu de travail. Les produits alimentaires coûtent cher ; mais nous n’irons pas voler. Nous faisons avec nos moyens », ajoute-t-elle. Comme Roseline Nke, Myriam se soumet à la même équation alimentaire. « Mon mari rationne 2000 Fcfa tous les deux jours. Je n’ai pas le choix », confie Myriam toute préoccupée.

Une ration par semaine

Olivier Mbang a opté pour une ration alimentaire hebdomadaire. « Par semaine, je donne 10.000 Fcfa à ma conjointe. Je trouve cela économique et facile pour la gestion. Nous avons trois enfants et faisons tout pour nous en sortir », confie-t-il. Une option que plus d’un foyer ont adoptée. « Je perçois la somme de 8000 Fcfa comme ration alimentaire pour la semaine. Ce qui est insuffisant pour quatre personnes. Mon mari n’a pas un gros salaire. J’essaie de faire le marché en fonction de cet argent. Il est vrai que les denrées sont devenues très chères », rappelle une ménagère.

Moins de 1000Fcfa par jour

Pour Marguerite, son cas est exceptionnel. Commerçante au marché de Mfoundi, sa ration s’élève à 5000 Fcfa par semaine. Pour son époux « c’est largement suffisant car elle peut ramener soit du plantain, de la tomate ou le reste des vivres qu’elle vend pour compléter ». Une situation qui embarrasse Marguérite. « C’est difficile de varier les menus. Je dois gérer 5000 Fcfa jusqu’à la fin de la semaine. Avec les avantages des commerçantes, je parviens à faire de quoi manger pour les enfants », affirme-t-elle.

Dans certains foyers, de nombreuses astuces sont développées pour répondre aux besoins alimentaires. Acheter des denrées alimentaires de première nécessité telles que du riz, des arachides, des oignons. C’est l’une des méthodes adoptées au sein des familles. A cet, effet le montant peut varier en fonction de la demande. Il peut varier entre 1000, 1500 voire 2000 Fcfa. « Je m’arrange toujours à avoir un sac de riz et quelques bouteilles d’huile. Le jour où je n’ai pas pu avoir quelque chose, nous faisons du riz sauté. Je peux ajouter 1000 ou 500 Fcfa à ma femme », indique Martial.
Se nourrir reste une véritable préoccupation pour les populations dans la ville de Yaoundé de nos jours. Avec la hausse des prix que connaissent certains produits alimentaires, des familles aux revenus faibles éprouvent des difficultés au quotidien en termes de ration alimentaire.

Marie Laure Mbena (stagiaire)


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