Pourquoi ne parle-t-on de tribalisme au Cameroun que quand les intérêts du pouvoir sont menacés ? Qui endort et fait rejaillir le tribalisme au Cameroun quand il le souhaite ?
De mon fort intérieur, aucun camerounais n’est tribaliste. Si oui, quand il se sent menacé ou piégé. Cette notion avec laquelle l’on semble badiner pourrait être pour notre pays une vraie bombe à retardement. Elle est fortement utilisée de manière voilée par le politique pour des intérêts de conquête du pouvoir. D’ailleurs, au lieu de vanter le mérite et l’excellence, le politique a vu bon au Cameroun de prôner la notion d’équilibre régional. Un concept qui pour moi, permet d’entretenir systématiquement la thèse du tribalisme sous tout type de forme.
Sous le fallacieux prétexte qu’il faut contenter toutes les régions lors des concours, cette même logique n’est toujours pas appliquée quand il faut parler de recrutement ou de répartition des richesses du pays. Pourquoi donc l’utiliser si l’on n’est pas capable de l’appliquer dans tous les domaines et de manière systémique ?
L’égoïsme et l’égocentrisme de nos hommes de pouvoir qui utilisent le tribalisme à leurs fins sont d’autant plus poussés que lorsqu’un candidat parvient à sortir la tête de l’eau et crée un vrai rapport de force dans l’opposition, il est tout de suite étiquetté et taxé d’être le candidat de telle tribu ou de telle région. D’autres candidats vont jusqu’à soutenir la thèse selon laquelle le vote au Cameroun est d’abord tribal. Comme si pour que le président actuel soit réélu président de la République, il a plus été voté dans le centre-sud que dans le grand Nord (selon les chiffres officiels du conseil constitutionnel et d’Elections Cameroon). Lors de la proclamation des résultats de la dernière élection présidentielle, le président Biya a été voté majoritairement dans la région du Grand Nord. Ce qui lui a permis de creuser l’écart sur ses concurrents. Où est donc le tribalisme à ce niveau ? Cela n’était-il pas excellent ? Bien-sûr que si ! Mais pourquoi lorsque des candidats de l’opposition arrivent respectivement second et troisième, on se dépêche à dire qu’ils sont les candidats de l’Ouest pour l’un et du Centre (Chez les Bassas) pour l’autre ? Pourquoi c’est quand ça les arrange qu’ils restent silencieux et laissent dormir le tribalisme dans ses sombres tiroirs ?
Plusieurs candidats, si non tous, qui ont été de vraies menaces pour le système dirigeant en place ont connu cette étiquette. De John Fru Ndi en passant par Maurice Kamto et d’autres qui viendront, tous ont eu et auront le même défi : travailler à se détacher des lianes du tribalisme que le pouvoir central aura tout fait de coller sur eux quand ils commenceront à gagner en estime dans le cœur des camerounais.
Mais ce qui me plaît, est que cette notion est très utile quand on est encore au pouvoir. Une fois quitté, le peuple pour lequel, on appartenait devient esclave de celui du prochain qui arrivera au pouvoir. En sommes pour moi, il n’y a pas de tribalisme au Cameroun. Si oui, un seul : CELUI D’ÉTAT !