Les sextape et les photos des hommes et femmes nus publiées sur les réseaux sociaux proviennent généralement de ces multiples groupes.
Paulin T est administrateur d'un groupe whatsapp communément appelé " sans caleçons ". Ce jeune géomètre ne se cache pas souvent pour faire la publicité de cette plateforme à certains de ses amis. L'accès dans ce groupe pour tous les jeunes garçons est conditionné d'un dépôt par orange money d'une somme de 2500F cfa. Une fois intégré, le nouveau membre doit se prêter au rituel de la présentation en donnant son nom, sa profession et en publiant une de ses photos dans le groupe. " Les membres de la plateforme sont en majorité des jeunes hommes et jeunes femmes qui veulent faire des rencontres. Lorsque vous êtes intégrés dans le groupe vous avez la possibilité de saisir inbox toute fille qui vous intéresse. Une fois d'accord, vous pouvez vous rencontrer à tout moment pour faire ample connaissance et parfois passer à l'acte. Parfois certains de nos membres nous envoient leurs vidéos que nous publions sur notre plateforme après avoir masqué leurs visages. Nous avons la possibilité de nous rencontrer souvent lors des célébrations d'anniversaires et les soirées sont toujours bien agrémentées ", explique l'administrateur du groupe whatsapp qui compte actuellement 82 membres.
Ce phénomène de groupe whatsapp à caractère pornographique tend à se banaliser au point où certains administrateurs intègrent les gens sans avoir au préalable leur consentement, comme l'affirme Roger Manga, enseignant au lycée de Nkolndongo à Yaoundé : " Beaucoup de mes amis m'ont déjà proposé d'intégrer ces groupes. En tant qu'enseignant et éducateur, je pense que ce comportement pose un sérieux problème. Ces groupes whatsapp font la propagande du commerce de sexe et cette pratique est contraire aux bonnes mœurs ", explique l'enseignant.
Lionel Ngali, personnel d'appui à la délégation départementale de la promotion de la femme et de la famille pour l'Océan affirme que ces groupes whatsapp constituent aujourd'hui un moyen pour faciliter les fléaux comme l'exploitation sexuelle des jeunes filles dans certaines localités du pays. " On retrouve dans ces groupes les personnes qui utilisent les filles en les plaçant auprès de certains hommes. Ces proxénètes vivent de cette activité aujourd'hui. La pauvreté, le manque de l'éducation chez certaines filles et la recherche de la vie facile sont quelques facteurs qui attirent les jeunes aujourd'hui à adhérer dans ces groupes.
Les établissements scolaires où l'on retrouve les jeunes enfants de moins de 20 ans ne sont pas épargnés par ce phénomène des groupes whatsapp à caractère pornographique. En mars dernier, plusieurs élèves du lycée Bilingue d'Ekounou et du collège Le Bon Berger ont été interpellés par les policiers du commissariat du 15ème arrondissement de la ville de Yaoundé. Les jeunes qui étaient membres d'un groupe whatsapp s'apprêtaient à se livrer aux séances de partouze lorsque les policiers ont fait irruption dans ce domicile. En février 2021 plusieurs élèves du lycée bilingue de Kribi dans le Sud ont été traduits au conseil de discipline après avoir publié sur les réseaux sociaux les images à caractère pornographique.