Moins d’oiseau ? Plus de silence
Au printemps, depuis des années, je ne sais pas si tu as remarqué, il y a de moins en moins d’oiseau.
Ce n’est pas plus mal.
Pardon ?
On a plus de silence, de calme et de repos.
Tu vois toujours le bon côté, c’est ta force.
Et comment va ton frère, cela fait longtemps que je ne l’ai plus vu ?
Tu sais, il y a quelques années, trois mois avant son mariage, il a abandonné son amie en prétextant qu’il n’était pas prêt pour un engagement de longue durée, qu’il avait besoin de faire le point, de réfléchir et de vivre seul encore quelque temps, tu sais comment c’est, une espèce d’angoisse de la promesse, la peur d’être enfermé dans une relation exorbitante, le complexe d’Ulysse qui n’a pas tellement envie de rentrer. Bref, il voulait voyager.
Et elle l’a bien pris ?
C’est étonnant comme elle l’a bien pris. C’est presque suspect. J’ai des doutes.
Et alors ?
Il y a quelques jours, en terrasse, on a évoqué cette histoire et elle a parlé de contretemps, tu entends, elle a parlé de contretemps pour qualifier l’absence de cet homme durant quatre ans. Tu te rends compte ? Contretemps ? Quatre ans. Ulysse retrouve ses pantoufles après un contretemps. Comment peut-elle ? C’est étrange.
C’est vraiment compréhensif de sa part.
Il paraît qu’elle a toujours été patiente et compréhensive au point de pouvoir rendre folles certaines personnes.
Tu peux rendre fou quelqu’un à force de compréhension et de patience ?