Pourquoi les universitaires du management du début des années 90 ont-ils eu tort ? Parce qu'ils n'avaient pas prévu l'ouverture de l'Asie et sa main d'oeuvre à bas coût.
Certes les modèles d'organisation complexe qu'ils défendaient étaient probablement plus efficaces que le type d'entreprise que nous avons eu, mais ils demandaient une forme de talent pour être mis en oeuvre. Plus exactement ce que l'universitaire appelle "conduite du changement". Non seulement il était beaucoup plus facile d'installer des "supply chains" internationales, mais, surtout, il était beaucoup plus facile d'en parler. On remplaçait un salaire français par 0 (un salaire chinois) dans un tableur, et on annonçait une grosse économie, dont on accordait une grande partie à son client. Bien sûr, une fois sur place tout n'était pas aussi simple qu'on l'avait prévu. Seulement, celui qui était sur place n'était pas celui qui avait mis un 0 dans un tableur. D'ailleurs, pour l'avoir fait, il avait obtenu une promotion.
C'est le même phénomène qui s'est produit avec les printemps arabes. La démocratie était séduisante, mais pour s'installer elle avait besoin de "conduite du changement". Ce qui a triomphé était la solution à moindre effort.
Et voilà pourquoi il faut se méfier des beaux discours, tant que l'on ne vous explique pas de manière convaincante comment ils vont être mis en oeuvre.