Kevin Can F**k Himself c’est un OVNI. La série est hybride et mélange le drame d’une femme qui est coincée dans un couple qui ne l’amuse plus et une sitcom en multi-cam. Kevin Can F**k Himself est clairement une sorte de réponse de Valerie Armstrong à toutes ces femmes de sitcom qui sont tuées à tout va. C’est déjà arrivé dans Kevin Can Wait (CBS) alors que la femme de Kevin était tuée entre les deux saisons de la série soit-disant car Kevin James disaient qu’ils avaient fait le tour en une saison. Kevin Can F**k Himself est une revanche pour toutes ces actrices qui ont été tuées dans les sitcoms pour satisfaire l’égo de la star de la comédie puisque dans cette comédie dramatique hybride ce n’est pas Allison qui pourrait bien mourir mais Kevin. Du point de vue de la sitcom multi-cam, Kevin Can F**k Himself adopte tous les codes du genre et les blagues lourdes qui vont avec. Eric Petersen est parfait dans ce rôle de mari qui veut la tête d’affiche à lui tout seul afin de laisser les miettes sur le bord de la table à Allison. Annie Murphy de son côté est parfaite en femme désabusée qui n’en peut plus de sa vie de couple et a envie de mettre un terme à cette mascarade.
Tout au long de la saison, le but est de voir comment Allison passe de l’épouse de sitcom bien rangée à la femme qui pourrait bien tuer son mari. Le problème ? Kevin est la star et elle est dispensable. Le mélange meta entre la réalité et la fiction détonne dans le genre sériel. Si ce n’est pas la première fois qu’une série mélange les genres, c’est la preuve fois qu’elle les fait interagir de cette façon. Dès que Kevin est à l’écran, tout est fait pour qu’il soit la star. C’est lumineux, les rires l’encensent et Allison n’est que le dernier couteau du tiroir. En adoptant cette esthétique propre au genre de la sitcom multi-cam, Kevin Can F**k Himself parvient à créer un univers parallèle au reste. C’est amusant et surprenant à la fois. Car mine de rien, Kevin Can F**k Himself est capable de faire interagir le présent vécu par Allison dans sa vie dépressive et grisâtre avec les dialogues humoristiques de la sitcom.
Dès que Kevin Can F**k Himself passe dans le monde réel, on découvre un personnage aux antipodes. Pour autant, tout n’est pas parfait dans Kevin Can F**k Himself. En effet, je regrette parfois que la série ait du mal à gérer la mise en place de son aventure. C’est amusant un moment et le concept est intrigant mais cela ne fonctionne pas toujours aussi bien. Certains épisodes sont pourtant brillants (je pense à l’épisode 1.06) et des exemples à présenter pour prouver que cette comédie dramatique hybride est ce qui pouvait arriver de mieux cet été. Puis certains épisodes laissent le tout naviguer en eaux troubles (le road-trip de l’épisode 1.04 en est l’exemple). Malgré un certain déséquilibre narratif par moment, Kevin Can F**k Himself fonctionne malgré tout. En cherchant à dénoncer certains problèmes de vieilles sitcoms, Kevin Can F**k Himself donne l’impression qu’elle vit aussi dans le passé. De nos jours les blagues sont différentes, moins misogynes aussi et les personnages souvent mieux développés.
Dans un sens, Kevin Can F**k Himself est une sorte de critique de Kevin Can Wait et je dois avouer que c’est intéressant vu par ce prisme là. On parle aussi de la psychologie de l’héroïne et de la façon dont les abus psychologiques la laisse au fond du trou sont riches en moments forts. Les émotions sont là et lorsque Kevin Can F**k Himself s’éloigne un peu de son gimmick, elle parvient à ouvrir d’autres portes à son héroïne et nous permettre de découvrir cet univers autrement. Tout cela est grandement aidé par l’amitié entre Allison et sa voisine Patty. C’est le vrai nerf de la série, ce qui la fait fonctionner du début à la fin.
Note : 7/10. En bref, l’étonnante surprise estivale.
Disponible sur Amazon Prime Video le 27 août 2021