Les équipements de protection individuelle (EPI), en particulier les masques chirurgicaux, sont essentiels pour se protéger contre la transmission virale pendant la pandémie actuelle de COVID-19, en particulier en intérieur. Cependant, porter le masque durant des périodes de temps prolongées n’est pas favorable à la santé de la peau, en particulier pour les personnes souffrant déjà de maladies dermatologiques comme l’acné, l’eczéma ou la dermatite. Quelques études suggèrent que pour ces peaux plus sensibles, le masque en soie pourrait être une solution moins irritante mais tout aussi efficace.
La « question du masque en tissu » peut se poser et s’est déjà posée dans les situations de pénurie de masque jetables, des situations qui se reproduiront probablement dans de nombreux endroits dans un avenir proche, à l’occasion de nouvelles vagues ou d’une nouvelle pandémie. Car le « pli » du masque est pris, et la mesure fait désormais partie de la boîte à outils de base pour faire face aux épidémies.
Plusieurs études ont ainsi pesé les avantages et inconvénients des masques en tissus, coton, polyester, soie.
La soie un matériau naturel, efficace et biocompatible
Sur l'efficacité: une équipe de virologues a mené plusieurs expériences avec des tissus courants dont le coton, la soie, la mousseline de soie, la flanelle, différents synthétiques et différentes combinaisons. L’étude (1) aboutit à 2 conclusions majeures :
- La première, non surprenante est que l’efficacité de filtration s’accroît quel que soit le tissu utilisé avec le nombre de couches ; la combinaison de tissus spécifiques permet d’améliorer encore ce niveau d’efficacité ; les chercheurs suggèrent que ces performances améliorées des masques « hybrides » sont probablement liées à l'effet combiné de la filtration mécanique et à l’électrostatique (voir visuel ci-contre) ;
- le coton, le matériau le plus largement utilisé pour les masques en tissu, fonctionne mieux à des densités de tissage plus élevées mais l’efficacité maximale est obtenue avec une combinaison coton-soie.
Ce résultat sur l’efficacité optimale de la soie, avait déjà été documenté, dès 1926, pour la peste pulmonaire (2).
Une étude (3) publiée en septembre 2020 a évalué en laboratoire, l'hydrophobie des différents tissus soit leur résistance à la pénétration de petites gouttelettes d'eau et d’aérosols, leur « respirabilité » et leur capacité à conserver cette résistance aux gouttelettes, en dépit de lavages répétés. Dans toutes les expériences, la soie se révèle plus efficace pour empêcher la pénétration et l'absorption des gouttelettes en raison de sa plus grande hydrophobie par rapport aux autres tissus testés. Ainsi, des masques en soie repoussent les gouttelettes lors de tests de pulvérisation tout autant que des masques chirurgicaux jetables à usage unique. Une étude démontre que non seulement la soie constitue une barrière hydrophobe aux gouttelettes mais est plus respirante que d'autres tissus qui retiennent l'humidité (4). Enfin, un masque en soie peut être lavé et est réutilisable.
Sur la tolérabilité : la soie est une fibre de protéine naturelle avec la structure d'acides aminés la plus similaire à celle de la peau humaine, car les fibres de soie sont formées de nombreuses nanofibres, qui fonctionnent très bien à la fois en perméabilité et en adsorption (5).
La soie a un effet naturel bénéfique à la santé de la peau. Sa production et son intégration dans de nombreux dispositifs et textiles biomédicaux et dans de nombreux cosmétiques correspond de plus à la nouvelle voie prometteuse de la production verte et durable (6).
Certaines équipes de recherche travaillent même actuellement à son utilisation pour fabriquer des masques en papier de soie pour le visage (7).
L’objectif serait alors de pouvoir maintenir les taux de séricine d’origine, donnant à la soie un effet hydratant naturel. Une équipe chinoise a ainsi démontré que la séricine peut empêcher la formation excessive de mélanine dans la peau, que les protéines antibactériennes de la soie peuvent inhiber la croissance des champignons cutanés et que sa teneur en sucre, graisses et autres protéines peut fournir une variété de nutriments pour la peau.
Enfin, les acides aminés de la séricine peuvent absorber les rayons ultraviolets du soleil et réduire les dommages causés par les rayons U.V. (8)
En résumé, le masque en soie apparaît comme une alternative possible, à la fois efficace et respectueuse de la peau.
Sources:
- ACS Nano April 24 2020 DOI : 10.1021/acsnano.0c03252 Aerosol Filtration Efficiency of Common Fabrics Used in Respiratory Cloth Masks
- Royal Army Medical Corps Muniments Collection (League of Nations, Health Organization) 1926 A Treatise on Pneumonic Plague
- PLoS ONE 2020 DOI : 10.1371/journal.pone.0239531 A laboratory-based study examining the properties of silk fabric to evaluate its potential as a protective barrier for personal protective equipment and as a functional material for face coverings during the COVID-19 pandemic
- PNAS January 26, 2021 DOI: 10.1073/pnas.2014564118 Perspective : An evidence review of face masks against COVID-19
- J Text Res 2002 Skin care, beauty, nutrition and health care function of silk gelatin
- The Journal of the Indian Institute of Science 2019 Silk: A Promising Biomaterial Opening New Vistas Towards Affordable Healthcare Solutions
- Journal of Engineered Fibers and Fabrics November 26, 2020 DOI : 10.1177/1558925020975756 Development and performance study of a natural silk fiber facial mask paper
- CNKI 2010 Purification of Silk Sericin Proteins and Their Biological Activities in Vitro