Raccourcis
Août dernier 2020, c’était la dernière fois que j’évoquais la question du corona pendant mes leçons avec C. Je soulignais les éléments de son discours qui me paraissaient paradoxaux. Elle avait riposté qu’elle ne voulait plus entendre ce que j’avais à dire là-dessus, que mes idées étaient proches de celles du président Trump et ses partisans ultra-libéraux, voire d’extrême-droite. Je lui avais répondu que réfléchir par soi-même, plutôt que d’utiliser des discours pré-construits, n’avait pas spécialement de rapport avec l’extrême-droite droite ou Trump. Mais, vexé, je laissais tomber. Par curiosité, j’avais ensuite cherché sur internet, les mots clés, corona, Trump, extrême-droite, et étais tombé sur un court reportage à propos de manifestations en Californie contre le confinement. Je relevais des discours pleins de bon sens. Une femme en voiture expliquait que les virus n’étaient pas nouveaux, et que l’on n’allait pas l’empêcher d’aller travailler pour ça. Un autre proclamait que personne ne l’empêcherait d’aller chez le coiffeur s’il voulait y aller aujourd’hui. Un dernier expliquait, et je partage son inquiétude, que perdre son travail lui faisait bien plus peur que d’attraper un rhume. A la fin du reportage, je fus surpris de retrouver le discours de mon étudiante dans la bouche du journaliste. Ces américains, proches de Trump et des mouvements d’extrême-droite, ne veulent pas du confinement. Voilà donc le travail des journalistes. Détruire la variété des discours, et ainsi toute forme de débat argumenté, en les rattachant systématiquement à des orientations politiques.
Rémi Brun